Antarctique : Escalade artificielle sur la Terre de la Reine Maud

Présentation

L’Antarctique est une région fascinante. Contrairement à ce que l’on imagine, il y a beaucoup de reliefs avec des chaînes de montagnes très différentes. La région qui nous intéresse est la partie nord de l’antarctique dite des “Queen Maud Land“. Dans cette zone, de curieux pitons rocheux restent en place et permettent de l’escalade de type “big wall“en utilisant les techniques de l’escalade artificielle.

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Projet

L’objectif retenu est l’ouverture d’une voie de 650 mètres sur le pilier nord de l’Holtana : l’Holstin.
Malgré son orientation nord et donc ensoleillée, cette ascension va se heurter à des températures allant de -40°C à -5°C. De plus dans cette région nous serons confronté au jour permanent.

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L’équipe

Six grimpeurs :
– Le commandant Thomas Faucheur,
– Le capitaine Lionel Albrieux,
– Le lieutenant Didier Jourdain,
– Le sergent-chef François Savary,
– Le chasseur Sébastien Ratel,
– Dimitri Munoz.

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L’escalade artificielle

L’escalade artificielle permet de gravir des faces rocheuses très raides de type “big wall“ en utilisant des moyens autres que sa seule force : pitons, étriers, friends…

Autrefois, c’était la seule technique possible lorsque les difficultés devenaient trop importantes.
Toutefois, l’escalade artificielle a permis l’ouverture d’itinéraires d’ampleur, grâce notamment à l’utilisation de matériel comme les micro pitons, les plombs, les crochets. Cette discipline a donc recouvré une seconde jeunesse.

Règles

Ouvrir une voie en escalade artificielle se fait en partant du bas. Une grande quantité de matériel est nécessaire. L’ascension se faisant généralement sur plusieurs jours, avec des nuits en parois, outre l’équipement, il faut également emporter le matériel de bivouac.

Utilisation limitée des spits et des cordes fixes (cordes mise en place au cours de la montée, qui permettent de redescendre à n’importe quel moment).

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Carnet de bord

Fin de l’aventure

19 décembre 2008

Bonjour à tous

Nous voici de retour sur la base russe de Novo après une récupération en Bastler et un vol incroyable par un temps superbe.

Il est temps pour nous de faire un point sur cette expédition et de conclure.

Cette expédition était la cinquième de notre tour du monde des continents démarré en 2005. Après le Mali et la Patagonie en 2005 La Nouvelle-Zélande en 2006 Le Groenland en 2007 L’objectif était de faire une ascension en escalade artificielle en Antarctique, terrain peu parcouru et peu grimpé. La voie ouverte sur l’Holstind nous permet de remplir cet objectif.

Au total voici le bilan de l’expé avec 3 moments distincts.

Sur l’Holstind la voie ouverte fait 650m – 19 longueurs – A2/A3 Nous la baptisons: « Pilier de Choudens Renard » en hommage au capitaine Antoine de Choudens et au lieutenant Philippe Renard nos compagnons décédés en 2003 dans la région du Shishapangma.

Sur l’Ulvetana c’est une tentative très sérieuse du chasseur RATEL, du lieutenant JOURDAIN et de Dimitri MUNOZ qui s’arrêtent 3 longueurs sous le sommet. Au total 9 longueurs d’escalade artificielle sur la « bouteille » puis une escalade d’arête délicate et enfin 8 longueurs d’escalade mixte et rocheuse. Ce projet était un projet d’expé à lui tout seul, c’est donc une très belle tentative d’essayer de grimper cette voie à 2 semaines de la fin de l’expé. L’ensemble dans un style léger qui aurait pu réussir, c’est dommage, mais au vu de l’état dans lequel nos compagnons sont redescendus c’était préférable.

Dans les monts du King Olaf à une vingtaine de kilomètres du camp de base, le capitaine ALBRIEUX, le sergent-chef SAVARY et moi même, nous avons pu réaliser l’ascension de 4 nouveaux sommets, dont 3 sans nom. Nous voulons rendre hommage à Cédric POULIQUEN instructeur de l’EMHM décédé accidentellement en parapente pendant l’expédition, en nommant la première pointe « pointe Clara » du nom de sa petite fille. C’est un cadeau que nous voulons faire à sa petite fille et à sa femme Virginie. Les deux autres resterons pour l’instant sans nom.

Cette expédition était l’occasion pour le GMHM de remettre les pieds en Antarctique presque 10 ans après la la traversée de l’équipe en autonomie jusqu’au Pôle Sud. Étant donné la particularité de cet univers cette expédition à permis de remettre à jour nos connaissances dans le milieu polaire. Aussi bien les équipements, la nourriture, mais aussi l’alimentation en énergie et la logistique en général.

Toute l’équipe de l’Armée de Terre du GMHM tient à remercier les partenaires et les personnes qui ont aidé à préparer cette expédition :
– La société MILLET
– La société JULBO
– Les écoles POLYTECH-SAVOIE qui nous aident à améliorer la production d’énergie en expédition.
– L’ECPAD- L’établissement cinématographique et photographique des armées et de la défense qui assurera la production du film à venir.
– Monsieur PAULSEN président de la société FERRING et son assistante Fabricia, pour sa passion des milieux polaires
– Les personnels de l’EMHM représentés par le chef de corps le lieutenant-colonel PERREAUT

Merci à notre base arrière à savoir les autres membres de l’équipe qui n’ont pu participer à l’expédition :
– Le capitaine COUBES Bernard qui part en retraite et qui aura la gentillesse de venir nous récupérer le 24 décembre pour sa dernière mission.
– L’adjudant-chef BOHIN Sébastien
– L’adjudant-chef SBALBI Tony qui prépare sa nouvelle saison de ski alpinisme. Bonne chance à lui
– Bien sûr nous n’oublions pas le caporal-chef PELLISSIER Emmanuel qui se remet doucement de ses mésaventures aériennes et qui aurait bien voulu être de la partie.
– Notre dernière recrue le chasseur POITEVIN Marion qui a rejoint l’équipe pendant notre absence, elle est la première fille à entrer au GMHM.

Merci à tous d’avoir été fidèles à nos nouvelles régulières. L’équipe se joint à moi pour vous souhaiter un joyeux Noël.

A bientôt

Chef de bataillon FAUCHEUR Thomas

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Trois sommets inédits

18 décembre 2008

Nous voici de nouveau tous réunis au camp de base. Thomas, Lionel et François sont rentrés lundi après-midi de leur périple dans les monts du King Olaf.

Voici un petit récit de ce tour de 10 jours où ils ont pu grimper quatre nouveaux sommets malgré un temps maussade.

Nous quittons le camp le samedi 6 décembre pour traverser le grand glacier qui nous sépare des premières montagnes. C’est un sentiment incroyable de voir tous ces sommets vierges. Après quelques hésitations, nous posons notre camp itinérant à 20 km du camp de base au pied d’un grand mur le massif qui s’ouvre derrière et ne semble pas avoir été visité. Une reconnaissance sur un grand glacier surnommé « vallée blanche » permet d’entrevoir les différentes possibilités de ce bassin glaciaire. Le lendemain, nous escaladons une arête sur un sommet assez évident juste au dessus de notre camp. 300m de mixte et d’escalade rocheuse forment le premier bastion. La suite se poursuit par des pentes de neige sur 500m pour finir sur un sommet rocheux.

L’ambiance est assez austère étant donné le temps moyen, le sommet semble surplomber une face raide et déversante. Le retour se fait de l’autre côté par un grand couloir et la fameuse descente de « la vallée blanche ».

Après un épisode de mauvais temps nous remontons toute la « vallée blanche » (3H) pour grimper sur le Klevetind qui est le point culminant du secteur (2910m) : il n’a probablement jamais été gravie. Plus facile qu’il n’y paraissait, quelques passages mixtes et une longueur d’escalade nous amènent au sommet encore dans le mauvais temps décidément. Après être redescendu au col nous escaladons son petit frère juste en face.

Re-passage de mauvais temps, le surlendemain, un peu lassé par la « vallée blanche », nous nous dirigeons vers un groupe de petites aiguilles qui semblent promettre de la belle escalade. Nous ne sommes pas déçus, nous grimpons la première pointe, au total 7 longueurs de rocher magnifique. Une très belle journée la seule de la semaine. Pendant ce temps l’autre équipe grimpe sur l’Ulvetana, nous pensons souvent à eux.

Descente rapide par un grand rappel plein gaz, sur une brèche, puis le long d’un couloir qui nous ramène au pied.

Le lendemain nous décidons de bouger de l’autre côté du massif vers de belles aiguilles aperçues depuis le Klevetind, la descente d’un col est un peu scabreuse avec les pulkas. L’après-midi il neige, le soir par le téléphone satellite nous apprenons le retour de l’autre équipe après leur épopée sur l’Ulvetana, chapeau ! Le lendemain encore de la neige, tout est plâtré, c’est la déprime. Nous décidons de rentrer. Deux jours seront nécessaires pour revenir au camp, avec plusieurs heures au GPS.

Notre forme d’alpinisme était très intéressante, avec les pulkas nous nous déplaçons facilement. Les sommets se prêtent assez bien à ce type d’alpinisme, ils sont moins hauts que dans la mâchoire du loup et les faces sont moins raides. Ce sont des sommets assez alpins mais nous avons le sentiments de découvrir les Alpes dans les années 1800.

Au final, nous avons la lourde tâche de nommer 3 sommets, là encore nous sommes en pleine réflexion, je vous promets de vous en dire plus au prochain mail qui sera le dernier.

L’expé touche à sa fin, si tout va bien l’avion devrait nous récupérer jeudi pour nous ramener sur la base de Novo.

Les préparatifs des fêtes de Noël commencent à remonter jusqu’à nous, et l’austérité de nos repas lyophilisés commence à nous « taper sur le système ». Le soir, nous nous invitons à tour de rôle à dîner avec les Allemands pour égayer les soirées.

Il est temps de rentrer…

D’ici là portez-vous bien.

L’équipe

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Le jour le plus long

17 décembre 2008

36 heures plus tard nous voilà de retour de l’Ulvetanna mais sans le sommet…Alors aujourd’hui c’est pas la « déprim » mais une journée de grosse fatigue avec des images qui se bousculent dans nos têtes …

Bonjour à tous,

Nous étions partis pour une ascension de 30 heures non stop et nous voilà rentrés 36 heures plus tard sans le sommet !

Alors aujourd’hui c’est jour de grande fatigue mais avec des images plein la tête et une belle aventure inachevée. Nous sortons des duvets juste pour boire et manger. Pour la météo rien de changé : il neige.

Mais avant de vous raconter le jour le plus long sur l’Ulvetanna voici quelques nouvelles succinctes des trois autres Thomas, Lionel et François.

Partis il y a 8 jours pour la ruée vers les montagnes de l’ouest (du camp de base), ils ont poursuivi hier leurs ascensions de nouveaux sommets en remontant cette fois une arête en excellent rocher pour atteindre un sommet après 7 longueurs. Comment vous donner un nom de sommet ? Il n’en a pas encore et quand nous ne savons pas exactement où il se trouve. Nous attendons donc leurs retours dans les 2 prochains jours avec impatience pour en savoir plus.

Quand à nous, nous sommes partis vendredi matin à 6h, à 11h nous étions en haut des cordes fixes du bastion rocheux, après avoir fait 1h de ski puis remonté la pente de neige raide de 200 et les 300m de cordes fixes que nous avions escaladées les jours précédents.Puis nous avons rejoint l’énorme vire de neige suspendue grande comme un terrain de foot ! Deux longueurs nous ont menés sur l’arête horizontale qui nous a déjà posés quelques difficultés avec notamment de la neige fraiche, comme pour donner le ton. Par endroit nous grimpions dans un océan de tafonies ! Une dernière longueur d’escalade artificielle et nous étions au pied du ressaut raide de l’arête vers 18h.

Une courte pause et nous basculions un peu en face ouest pour remonter deux magnifiques longueurs d’escalade mixte difficile. La longueur suivante fut très éprouvante car le rocher était mauvais dans une fissure large raide qui obligeait le grimpeur à faire de l’escalade libre de temps en temps, et vers 23h la fatigue commençait sérieusement à se faire ressentir ainsi que le froid – nous étions à l’ombre. Une autre longueur d’offwidth (fissure large) plus facile nous ramena sur le fil de l’arête à une vire bien venue pour se reposer un peu. Quel moment à part ce fut, perchés sur cette vire qui courre au milieu de l’immense face est de Ulvetanna au fin fond de l’Antarctique avec les rayons du soleil d’une heure du matin qui nous réchauffaient, surtout le cœur ! Mais très vite le froid nous sorti du rêve et nous sommes repartis. Trois longueurs en rocher incroyables, toujours ces tafonies comme en Corse (on se disait cela pour se réchauffer) et nous étions à l’épaule.

Et des nuages arrivaient … Nous étions au plus loin de tout … et si près du sommet, cent cinquante mètres sans doute. Sur l’arête sud ! la plus exposée au vent. Et là sur ce petit col la pente de neige qui devait nous mener tranquillement au sommet n’était plus là ! c’était encore des longueurs dures avec de la neige inconsistante posée sur des dalles. Combien de temps pour le sommet ? Combien de temps avant le vent et la neige ?

Combien de temps pour redescendre cette arête escarpée ? Et combien de temps avant la pane de moteur ? 24h après notre réveille ce fut donc la fin de l’ascension et le début d’une longue et éprouvante descente. Après des pentes de neiges, de l’escalade artificielle, une course d’arête, des longueurs de grand mixte, du rocher incroyable, du mauvais rocher, trois jours pour escalader le socle et 24h sur l’arête sud de Ulvetanna, nous avions un goût amer dans la bouche, comme celui d’une symphonie inachevé.

Refaire les longueurs horizontale, trouver des relais pour les rappels, atteindre la vire de neige puis redescendre le bastion rocheux, cela est si vite dit avec des mots ! C’est au GPS sous la neige que nous avons touché le camp de base 36h après l’avoir quitté. Des bols de soupe un liof et puis au lit avec dans les yeux, pourtant déjà fermés une petit lueur qui brille, ou une petite musique, ou un petit sourire sur les lèvres du dormeur, ceux que l’on a après une belle ascension, après une belle aventure.

Et si seulement nous pourrions revenir …

A bientôt

L’équipe

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Explorations inédites

12 décembre 2008

Bonjour a tous,

Ces deux dernières semaines sont bien maussades pour nous pour ce qui est de la météo : soit nous avons du vent soit (et c’est le plus souvent) du mauvais temps avec un peu de neige. Après les mauvaises nouvelles en voici de meilleures : malgré cette météo qui reste imprévisible, une première ascension d’un sommet vierge lundi pour Thomas, François et Lionel, quant à Dimitry, Sébastien et Didier, ils ont atteint le haut du bastion rocheux de la « Bouteille » sur l’Ulvetanna.

Après un jour et demi de ski pour atteindre le massif du Klavetind à l’ouest du camp de base, Thomas, François et Lionel ont remonté l’arête sud d’un sommet vierge et sans nom (sur la photo la pyramide rocheuse de gauche). L’ascension commence par une arête rocheuse de 400m en rocher étonnant, puis se termine par une pente de neige sur 600m. Le lendemain François a fait un autre petit sommet. Il semble y avoir encore de nombreux sommets à faire dans ce massif très peu exploré, pour les prochains jours.

Sur l’arête sud de l’Ulvetanna dit « la Bouteille » pour sa forme avec le bastion rocheux carré puis l’arête effilée qui mène au sommet, nous partirons dans la nuit si le temps est correct pour remonter les cordes fixes du bastion et dans le même assaut poursuivre jusqu’au sommet. Une très très longue journée nous attend. Le grand dièdre du bastion rocheux est une fissure large que nous avons remontée en trois jours. Le rocher est bien meilleur qu’à l’Holstind mais le froid nous empêche de faire du libre. Une tentative avait déjà été menée par André Georges en 2001 mais il s’est arrêté 2 longueurs avant le sommet du bastion où la fissure devient une cheminée difficile a protégée.

Le moral est au beau fixe et une grande ascension nous attend. Vous n’aurez donc pas de nouvelles pendant 2-3 jours.

A bientôt, L’équipe

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D’autres expéditions après l’Holstind

9 décembre 2008

Bonjour à tous,

Après l’ascension du pilier Nord de l’Holstind, nous avons pris quelques
jours pour nous réorganiser: tri du matériel etc…

Thomas, Dimitri , Lionel et Sébastien ont effectué un tour du massif à ski, environ 35 km sur une journée permettant de repérer les autres montagnes intéressantes; et, notamment l’Ulvetanna qui est le plus gros sommet de la « mâchoire du loup ».

François et Didier ont profité d’une journée sans vent pour parcourir la voie normale de l’Holstind et s’offrir un vol en parapente avec un décollage 150m sous le sommet pour François.

Après concertation, le groupe va se diviser en deux équipes: Dimitri, Didier et Sébastien vont tenter une nouvelle sur l’Ulvetanna par le pilier de la « bouteille » et l’arrête sud. Thomas, Lionel et François vont partir avec les pulkas pour le massif du King Olaf à environ 30 kms. Le but est de découvrir un nouveau massif qui a été encore moins parcouru peut-être l’opportunité de faire quelques premières…

Pour les deux équipes nous seront obligés de quitter le camp de base, les nouvelles seront donc plus épisodiques pendant les dix prochains jours. Nous passerons quelques coups de téléphone à notre base arrière à Chamonix.

Portez-vous bien.

A bientôt, le GMHM.

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Visite du camp de base

03 décembre 2008

Bonjour à tous,

Profitant d’une journée de repos voici une petite visite du camp de base:

Au total notre camp c’est:
– 1200 kg de matériel
– 3 tentes personnels
– 1 tente mess
– 1 tente multimédia
– 1 double toit pour les toilettes.
– 45 jours de nourriture
– 1 dizaine de bidons en plastique et de sacs de hissage pour le stockage à l’extérieur.
– 3 pulkas pour tirer le matériel.

La tente mess permet de nous retrouver et de partager les repas. Juste le bon volume pour ne pas être trop froide et pour circuler.
– 3 réchauds à essence permettent de faire fondre de la neige environ 4 litres par jour et par personne.
Les repas sont à base de nourriture lyophilisée. Chacun a son sachet journalier et s’arrange à sa guise. Un sachet type camp de base contient:
– 1 sachet lyophilisé petit déjeuner
– 2 sachets lyophilisés plat de résistance
– 1 sachet lyophilisé dessert
– 1 soupe
– 1 soupe énergétique pour la journée à mettre dans un thermos. Chacun a deux thermos pour les journées de grimpe.
– 6 à 7 barres variées
– 4 à 5 sucres
– dosettes de café
– thé / tisane
1 sachet repas est entre 3500kcal et 4000 kcal Bien sûr nous avons de quoi améliorer le quotidien à base de viande séchées, de fromage, de petits pains et de quelques bricoles à grignoter. Les sachets sont un peu différents pour la paroi.
Malgré le caractère répétitif des repas lyophilisés les taches pénibles sont réduites au plus simple. Pas de cuisine, juste de l’eau à faire chauffer, pas de vaisselle et un service rapide, bref des hommes heureux. Nous ne nous plaignons pas trop de la nourriture même si chacun rêve des brochettes de zébus au Cap…

Dans les tentes personnels nous sommes deux par tente, elles ont une forme de « tunnel », elles sont plus spacieuses et résistent mieux au vent. Un matelas en mousse dure couvre toute la surface de la tente permettant d’isoler les affaires. Un deuxième petit matelas se rajoute pour le confort du dormeur.

La tente multimédia abrite tout le matériel électronique. Pour les besoins de communication nous avons:
– 2 appareils de photo numérique type reflex
– 2 petits appareils de photo numérique
– 2 caméra HD dont une semi-pro
– 2 téléphones satellites obligatoires pour la sécurité type Iridium. Nous avons tous les soirs un contact téléphonique avec la base russe de Novo à 170km de là
– 1 ordinateur portable qui permet de stocker les photos numériques et d’envoyer des mails, déjà 3000 photos stockées, vive le numérique.
– 2 grosses radios
– 4 petites radios
Je vous épargne les inévitables ipod de chacun qui sont une quantité négligeable en terme d’énergie.
Tout cela fait pas mal de batteries à recharger. Nous avons donc un système de panneaux solaires et une batterie tampon qui permettent de tout recharger à notre convenance. De la même façon dans le mur nous avions une version dégradée pour recharger les appareils photo et les caméra à l’aide d’un panneau solaire.

Les toilettes :
Rien de bien intéressant à dire si ce n’est que nous ramenons les déchets organiques humains, sinon ils mettraient un temps très important pour se dégrader étant donné les températures et l’absence de vie microbienne. Ils sont stockés dans des sacs poubelles et seront ramenés sur la base de Novo. Je vous passe les détails mais étant donné les températures négatives, le tout reste gelé, sans odeur opération simple et propre.

Médical :
Une grosse cantine qui sert de table (merci le service de santé ) contient tous notre matériel médical, injections, médicaments divers et variés, moyens d’immobilisation, moyen d’aide à la respiration… Les membres de l’équipe sont presque tous secouristes en équipe niveau 1 (merci pour Toto). Pour l’instant les bobos a déclarer sont: infection d’un doigt, irritation des yeux à cause de la poussière, maux de ventre, de tête. Bref pas grand chose qui marquera l’histoire la médecine polaire.

Voilà pour ce petit tour d’horizon de notre univers depuis déjà trois semaines. Aujourd’hui certains sont allés prospecter pour des ascensions futures pendant que les autres faisaient quelques images dans le bas de la voie. Ce soir nous en aurons terminé avec l’Holstin… Les températures remontent même si elles restent toujours négatives, le soleil remonte aussi sur l’horizon chauffant un peu plus.

Portez vous bien.

A bientôt.

L’équipe du GMHM

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Dans les voies de l’Holstin

01 décembre 2008

Jeudi, une grande longueur de 60 m permet à Dimitry de déboucher au sommet. Nous appelons par radio le reste de l’équipe qui est au niveau des portaledges. Ils remontent les cordes fixes et tout le monde se retrouve au sommet…

Bonjour à tous,

Voici quelques nouvelles depuis le camp de base ou nous sommes rentrés après avoir fait le sommet.

Reprenons l’histoire de cette semaine.

Lundi dernier nous avons remonté les cordes fixes avec tout le matériel pour rester dans la face quelques jours. Le temps annoncé n’est pas terrible mais nous étions trop impatients de terminer la voie. Le soir tout le bivouac est installé avec les trois portaledges, 1 pour deux et nous sommes prêts à attaquer le lendemain. Notre camp n’est pas trop inconfortable, 1 portaledge est pendu dans le vide les deux autres sont au dessus d’une petite terrasse.

Le mardi nous faisons deux longueurs de plus dans le mur sommital que nous avons baptisé le « headwall ». A cet endroit la face fait 80m de large, il y une seul fissure qui raye la face et qui semble monter au sommet.

Mercredi encore deux grandes longueurs. A chaque fois nous redescendons dans les portaledges qui sont des abris bien confortables. Le soir il fait froid mais durant la nuit le soleil tourne et recommence à chauffer dés 4 heures du matin, au réveil la toile de tente du portaledge n’est pas trop recouverte de givre, ce qui rend le réveil plus agréable.

Jeudi une grande longueur de 60 m encore raide permet à Dimitri de déboucher au sommet. C’est la surprise, car le mur s’arrête brutalement, directement au sommet. Nous appelons le reste de l’équipe par radio qui est encore installé dans les portaledges à se reposer, ils remontent les cordes fixes et tout le monde se retrouve au sommet vers 13h. Nous passons 1h30 là haut c’est un moment magique et toujours unique. Le tour d’horizon est exceptionnel. Un halo lumineux autour du soleil rend l’ambiance surréaliste. Le sommet est plat et large.

Le soir nous repassons une nuit dans notre nid douillet. Le vendredi nous en profitons pour regrimper deux longueurs et faire des images. Puis tout le monde redescend avec le matériel vers 19h00 nous sommes tous au camp de base après un retour épique à cause des 3 pulkas chargées de tout le matériel.

Nous retrouvons les Allemands qui ont aussi terminé leur voie dans la semaine, c’est l’occasion de passer une bonne soirée autour d’un goulasch préparé par leurs soins très « spicy », les lèvres explosées par le soleil s’en souviennent encore. Finalement le temps n’aura pas été mauvais pendant ces cinq jours. Par contre le vent aura été assez fort et les nuits toujours fraiches, nous retrouvons le camp avec de belles congères de neige. Au total, la voie fait 650m avec 450m de pilier raide et 200m de socle. Dans le pilier nous avons ouvert 15 longueurs, plutôt en escalade artificielle traditionnelle mais avec un rocher vraiment mauvais en surface. La ligne suit un système de fissures assez logique mais assez unique dans cette face.

Voilà pour les dernières nouvelles, nous sommes bien contents d’en avoir presque terminé, nous avons encore quelques image à faire dans le bas de la face et nous passerons à autre chose. Il nous reste un peu plus de deux semaines sur place que nous comptons bien utiliser pour découvrir d’autres montagnes.

La prochaine fois je vous fais visiter le camp de base.

A bientôt.

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L’équipement de la voie

24 novembre 2008

Après une journée de hissage de matériel, portaledges, matériel, nourriture, gaz, neige pour faire de l’eau…tout le monde a les bras un peu explosés par cette grosse séance de jumar. Demain nous partons dans le mur pour 4 ou 5 jours…

Bonjour à tous,

Voici quelques nouvelles depuis notre camp de base de la « Mâchoire du Loup ».

La dernière semaine a été consacrée à équiper encore quelques longueurs dans le mur. Nous voulions rejoindre une vire prometteuse pour installer un camp dans la paroi. Malheureusement cette vire ne contient pas de neige pour faire l’eau nécessaire à notre alimentation. Dommage. Hier nous avons donc fait une journée de hissage de matériel (portaledges, nourriture, gaz et j’en passe) et bien sûr trois sacs de neige le plus pénible. Après une journée de repos si tout va bien nous partirons demain dans le mur pour 4 ou 5 jours. La fin de la voie ne devrait plus être très longue mais nous voulons faire des images (photos et vidéos), ce qui obligera probablement à regrimper des longueurs. Enfin on va déjà essayer d’arriver en haut… Lorsque nous grimpons de petits oiseaux blancs viennent nous tourner autour, ce sont des pétrels des neiges qui vivent dans les murs et qui vont se nourrir sur la côte tous les deux ou trois jours à 200 km de là. Étonnant ! Sur la photo depuis le camp de base, notre sommet l’Holstin est situé sur la gauche la voie se déroule sur le fil. Le sommet de l’Holtana est celui de droite, il semble plus grand mais il n’y que 80m de différence entre les deux. Les températures sont plus clémentes -28°C le soir, -8°c ce matin au soleil, presque la Côte d’Azur. Ca ne nous fait plus grand chose seul le vent à une incidence sur le moral.

Nos voisins Allemands (pardon Bavarois) sont partis hier dans le mur de l’Holtana, nous suivons leur progression à la jumelle. En début de semaine nous avons fêté l’anniversaire de Thomas Hubert 42 ans, bonne soirée franco bavaroise qui nous a fait oublier un peu notre solitude et passer un bon moment.

Nous avons aussi vu débarquer un groupe d’une dizaine de touristes posé en avion ils ont passé une nuit à 500 m de notre camp de base avec tout le confort nécessaire, tente chauffée, cuisinière, sauna dans une tente. De richissimes anglos-saxon retraités qui passent 10 jours en Antarctique et visitent le secteur. Est-ce l’avenir de l’Antarctique…?

Moral excellent pour tout le monde avec les bras un peu explosés par les séances de jumar (voir les photos).

A bientôt.

L’équipe

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Quelques longueurs au dessus

19 novembre 2008

Malgré le froid et le vent notre expédition se poursuit du mieux possible. Plusieurs longueurs sont maintenant équipés, et le rocher semble s’améliorer…

Bonjour à tous,

Voici quelques nouvelles depuis notre camp de base de l’Holtana.

Nous nous sommes donc lancé à l’assaut de l’Holstin car c’est une des faces vierges du secteur. La face est très belle et la ligne esthétique, elle avait fait l’objet d’une tentative en 2000 par l’équipe d’André Georges et d’Alain Hubert qui avait préféré le grand pilier sud de l’Holtana. Sur la photo envoyée la semaine dernière, la ligne passe en plein centre contourne un gros toit et sort vers la gauche directement au sommet. Enfin ça c’est le plan initial… La partie haute devrait encore réserver quelques surprises.

L’escalade a commencé et tout se déroule bien la ligne a l’air de se confirmer, le rocher est devenu un peu meilleur mais souvent le grimpeur et l’assureur ressortent couverts de poussière et de gravillons. Le rocher est tellement agressé par le gel et le vent qu’il s’effrite en surface. Nous avons déjà équipé plusieurs longueurs, faisant des allez retour depuis le camp de base. Nous grimpons en escalade artificielle ce qui oblige a passer de longues heures dans une longueur, 6 à 8 heures en moyenne. C’est l’assureur qui souffre le plus car il reste immobile au relais, doudoune haut plus bas obligatoire, ainsi que les grosses chaussures d’expédition himalayenne pour aller sur des 8000m (pas terrible pour le rocher…) A un moment donné nous quitterons le sol avec tout notre barda pour installer un camp dans la paroi, nous ne savons encore très bien quand, la suite au prochain épisode.

La semaine dernière le temps était vraiment froid autour de -35°c le soir et -25°c le matin. Ajoutez là dessus deux à trois jours de vent fort malgré le ciel bleu, ça devient pénible de grimper mais c’est le jeu.

Toute l’équipe se porte bien avec un gros moral.

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A pied d’œuvre

11 novembre 2008

Enfin nous sommes au camp de base. Un peu long cette mise en place, mais nous sommes maintenant à pied d’œuvre et remontés à bloc pour attaquer cette belle paroi…

Bonjour à tous,

Voilà quelques nouvelles de notre camp de base ou nous sommes arrivés samedi après-midi.

Le vol depuis la base de Novo s’est bien passé environ 35 minutes de vol dans un Bastler 67 qui nous a posé au milieu de la « mâchoire du loup ». Atterrissage un peu sport l’avion est assez gros et il ya quelques congères mais l’équipage canadien est assez content de son coup. Nous sommes face au grand mur de l’Holtana. Un paysage hallucinant!!! Rapidement nous installons le camp car la température commence à tomber. La tente mess qui nous permet de faire la cuisine. 3 tentes tunnel (1 pour deux) pour dormir. 1 tente « multimédias » on nous rangeons les téléphones satellite, l’ordinateur, les radios… Nous rechargeons l’ensemble avec des panneaux solaires ça à l’air de fonctionner pour l’instant. Et enfin une petite tente pour les toilettes. Pour la cuisine nous avons trois réchauds à essence. 90% des repas sont lyophilisés nous n’avons donc que de l’eau à faire, cest assez pratique. Bien que le soleil ne se couche toujours pas la première nuit sera assez fraiche -25°c au coucher. Pas de problème nous sommes correctement équipés, l’apprentissage du Spitzberg cet hiver, a été très bénéfique. Pour reprendre l’expression consacrée: « nous ne sommes pas montés trop fin ».

Nous sommes à 100 m des frères Hubert très bonne entente, échanges assez sympathiques et enrichissant.

La première journée sera consacrée a faire un tour des lieux. Nous partons voir l’Holstin qui est à 45 minutes du camp de base deux lignes sembles réalisables. Puis nous longeons le grand mur de l’Holtana a part la ligne envisagée par les frères Hubert il n’y pas grand chose de logique. Nous passons au pied du pilier ouest de l’Holtana ouvert en 2001 par Alain Hubert et André Georges une belle ligne qui devrait se faire en libre mais qui reste dans l’ombre. Le mur au sud est quand à lui irréalisable. Le choix n’est donc pas si vaste nous décidons de partir sur l’Holstin dont la face est totalement vierge. Nous avons du mal a estimer la hauteur probablement 500 m de pilier posé sur 200m de socle. A confirmer.

La deuxième jour nous avons porté du matériel au pied de l’Holstin et nous avons commencé a équiper le socle. La température reste toujours négative mais sous les tentes elle devient positive par effet de rayonnement et permet de faire sécher les affaires.

Le débit du téléphone satellite n’est pas très bon si vous pouviez limiter les messages avant que l’on trouve le rythme de croisière ce serait parfait. Donnez tout de même quelques nouvelles de France car on vraiment le sentiment d’être sur une autre planète.

Le moral est excellent et toute l’équipe est en forme.

A bientôt

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Début de l’aventure

07 novembre 2008

Bonjour à tous,

Voilà un petit mail depuis l’Antarctique. Nous sommes arrivés cette nuit sur la base de Novoleskaya. Cette petite base est le point d’entrée sur la partie de l’Antarctique la plus proche de l’Afrique du Sud. Elle permet de ravitailler le base indienne, norvégienne, sud-africaine, russe, belge qui sont situées dans le périmètre.

Le trajet s’est effectué depuis Cap Town en 6 heures de vol à bord d’un Illiouchine 76. Avion russe qui a la particularité de pouvoir se poser sur des pistes en neige et d’avoir une capacité d’emport importante. A l’arrivée à 3 heures du matin heure locale, 4 heure heure française, la température est fraîche environ -20°C, par contre nous démarrons une très longue journée car le jour ne se couchera plus pendant tout notre séjour. Le soleil est bas sur l’horizon mais la lumière est importante.

Nous étions 40 sur le vol la majorité sont des scientifiques qui rejoindront les bases nationales dans la journée avec un autre avion. Il y a aussi les frères Hubert avec qui nous partagerons le camp de base. Ils sont quatre Alex, Thomas, Stephan Siegrist et un cameraman Max Reidel. Très bonne entente face à l’adversité du milieu, d’autant plus que nous n’avons pas les mêmes objectifs. Nous serons les deux seules expéditions sportives dans la zone.

Le départ pour les « Queen Maud Land » devrait se faire demain en fin d’après-midi. Située à 180 km de la base et 1500m plus haut, le transport se fera avec un petit avion BT67, élément clé des régions polaires qui se pose partout sans préparation de piste.

Prochaines nouvelles depuis les « Queen Maud Land » !

A bientôt…

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