Introduction
Nombreuses sont les montagnes qui attirent la convoitise des alpinistes du monde entier, mais le K2 est certainement au sommet de la hiérarchie. Depuis l’an dernier, le Groupe Militaire de Haute Montagne s’est fixé un objectif d’ampleur : gravir l’arête nord du K2 à l’horizon 2006.
Au printemps 2002 une expédition en Inde dans le massif du Garhwal clôturait un cycle d’ascensions de « Big Wall » à travers le monde. La réussite sur l’Arwa Tower prouvait les savoir-faire acquis au cours des expéditions précédentes.
Trois mois plus tard, les grimpeurs du GMHM se rendaient en Chine dans la région du Sichuan. L’ascension du Minya Konka (7556 m) constituait le premier volet de la préparation au K2. Ascension réussie malgré des conditions météorologiques déplorables le 8 octobre 2002.
Cette année c’est la barre des 8000 mètres qu’il faudra franchir. De plus la face sud ouest du Shishapangma est loin de constituer un objectif facile. Ses couloirs et éperons mixtes dominent de plus de 2000 mètres le camp de base avancé. Ils présentent sur une hauteur inférieure et à plus basse altitude des difficultés semblables à celles de l’arête nord du K2. Peut-on rêver d’une préparation plus appropriée ?
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Historique
La conquête du Shishapangma fut tardive, mais très rapide. En 1963, une expédition chinoise effectue une reconnaissance de la montagne jusqu’à 7200 mètres. L’année suivante une nouvelle expédition chinoise atteint le sommet le 2 mai. Malgré un accès aisé au camp de base, il ne fut plus gravi jusqu’en 1980 date à laquelle les expéditions étrangères furent à nouveau autorisées au Tibet. La voie normale en versant nord ne présente que peu de difficultés technique. La réussite est souvent au rendez-vous.
En 1981 Reinold Messner et un compagnon atteignent le sommet par une variante sur ce versant. C’est en 1982 que la face sud ouest est gravie la première fois par une équipe menée par Doug Scott en pure technique alpine.
Dans les années qui suivent de nombreuses expéditions s’attaquent à cette face et les nouveaux itinéraires fleurissent. On en compte actuellement six, mais les possibilités sont encore énormes. On peut dire que cette face représente un formidable laboratoire pour le style alpin sur un 8000.
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Le sommet et sa région
Le Shishapangma est le seul sommet de plus de 8000 mètres situé uniquement au Tibet. Il est le point culminant du massif du Langtang dont la majeure partie est au Népal. C’est aussi le 8000 le plus proche de Katmandou : 80 kilomètres au nord ouest.
Le massif du Langtang subit le régime de mousson du Népal. On tente donc l’ascension du Shishapangma au printemps ou à l’automne. Le taux de réussite sur ces deux périodes est assez similaire. En automne les précipitations cessent souvent aux environ du 20 septembre et les vents froids débutent à la mi-octobre. On essaye en général d’envisager l’ascension dans ce créneau.
Le moyen le plus facile d’accéder au camp de base consiste à partir de Katmandou en bus et à franchir la frontière au « Pont de l’Amitié ». Lorsque les conditions le permettent, il est possible d’atteindre Nyalam (3700 m) au Tibet le premier jour en 4X4. Trois jours de trekking accompagné de yaks permettent de rejoindre le camp de base à 5300 mètres d’altitude.
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L’objectif
Depuis le camp de base avancé situé sur une moraine au pied de la face sud ouest du Shishapangma plusieurs objectifs s’offrent aux grimpeurs. Le but principal étant d’effectuer l’ascension en style alpin. Les voies anglaise (4) et Loretan (1) sont les itinéraires les plus abordables. La voie slovène (3) est la plus dure.
Le Groupe Militaire de Haute Montagne prévoit de se scinder en deux équipes de quatre et de tenter un ou deux itinéraires nouveaux dans la face. La ligne de dièdre à gauche de la voie coréenne (2) constitue le premier projet, un couloir surmonté d’un mur rocheux à gauche de la voie Loretan, le second.
Bien entendu les conditions dicteront sur place le choix des itinéraires. Les avalanches sont nombreuses lors des chutes de neige et sont la cause principale des échecs dans cette face.
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Le calendrier
– 08 septembre 2003 Vol Paris-Kathmandou
– 11 septembre 2003 Transfert Kathmandou-Nyalam (3700 m)
– 12 septembre 2003 Journée d’acclimatation
– 13 septembre 2003 Début du trekking
– 15 septembre 2003 Arrivée au camp de base (5300 m)
– 16 septembre 2003 Installation du camp de base et acclimatation
– 19 septembre 2003 Installation du camp de base avancé (5800 m)
– 21 septembre 2003 Sommets d’acclimatation
Carnet de bord
Le GMHM en deuil
1 octobre 2003
MINISTERE DE LA DEFENSE
ARMEE DE TERRE / ECOLE MILITAIRE DE HAUTE MONTAGNE
Communiqué de presse
Accident mortel de deux militaires du Groupe Militaire de Haute Montagne
Chamonix, le mercredi 1er octobre 2003.
Au cours d’une expédition au Tibet, portant sur l’ascension du Shishapangma (8046m), le Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) vient de perdre deux de ses officiers. L’origine de l’accident serait due à une chute de corniche qui les aurait emportés par-dessus une barre rocheuse lors de l’ascension d’un sommet d’acclimatation voisin.
Les corps ont été localisés le 30 septembre à 5600 m d’altitude . Les conditions météorologiques actuelles et les difficultés d’accessibilité des lieux ne permettent pas dans l’immédiat leur récupération.
Crée en 1976, le GMHM est basé à l’Ecole Militaire de Haute Montagne de Chamonix (EMHM). Il est formé d’une dizaine d’hommes, officiers, sous-officiers et militaires du rang issus des troupes de montagne. Il constitue l’équipe de pointe de l’alpinisme de l’armée de Terre et a réalisé avec succès de nombreuses expéditions ( Les trois pôles, le Népal, la Terre de Baffin, les Iles Kerguelen…)
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Retour du grand beau !
29 septembre 2003
Bonjour à tous.
Le beau temps est là depuis quelques jours et il se maintient. L’acclimatation se poursuit, Antoine et Philippe sont partis faire un sommet de 6700m, François et Manu sont partis aujourd’hui pour le Pungpa Ri (7400) et tout le monde va suivre pour ce sommet dans les jours qui viennent.
Des reconnaissances ont été menées au pied de la face, ce n’est pas tout proche du camp de base, il faut bien compter 5 heures de marche dans des moraines pour y arriver.
Pour tous le Pungpa Ri sera un galop d’essai permettant de nous tester physiquement.
A part ça tout ce passe bien, il faut ruser avec les corbeaux qui dévalisent les camps d’altitude, déchirant les tentes et pillant la nourriture, mais le moral est bon.
A bientôt.
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Quelques nouvelles
24 septembre 2003
Bonjour à tous, voici quelques nouvelles du camp de base duquel nous n’avons pas pu bouger depuis 3 jours.
Le temps est assez maussade sans doute encore les restes de la mousson. Pas de grosses précipitations mais un temps neigeux avec beaucoup de brouillard, toutefois il ne semble pas y avoir de chute de neige importante en altitude ce qui est déjà rassurant pour l’avenir. Cette après midi, le baromètre remonte fort, il devrait faire beau ce soir, et nous espérons pouvoir bouger demain.
Tout le monde est en forme, il nous reste une vingtaine de jours au camp de base, nous ne sommes donc pas inquiet pour la suite.
A bientôt, pour d’autres nouvelles avec nous, espérons quelques sommets d’acclimatation (au dessus de 6000m ) dans la poche.
Thomas pour le GMHM
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Acclimatation et reconnaissance
23 septembre 2003
Bonjour à tous,
Le camp de base est bien installé et le groupe électrogène marche toujours. La bougie recollée à la super glue n’a pas lâché. Pourvu que ça dure!
Dès le 19, plusieurs équipes sont parties en reconnaissance vers le pied de la face. Manu et François sont montés au sommet de la moraine qui domine le camp de base jusqu’à 5750 m.
Pendant ce temps Laurent et Greg faisait une dépose à un camp avancé. La troisième équipe composée de Philippe, Sébastien et Antoine se dirigeait aussi vers la face en suivant l’immense moraine du glacier de Nyanang Phu. Arrivé à 5700, le point de vue était parfait pour examiner les différentes possibilités d’itinéraire. Actuellement le haut de la face est encore bien chargé en neige et quelques plaques sont parties. Nous avons espoir que les jours de soleil stabilisent le tout.
Il fallu ensuite redescendre vers les lacs situés au pied de la face sud. Au retour un itinéraire plus direct et moins bosselé a été balisé par des cairns. Un travail sympathique…
Le 20 fut consacré à l’ascension de sommets d’acclimatation situés au-dessus du camp de base. Thomas, Jérôme, Manu et François atteignent le sommet du Betanc Ri (6050 m). Tandis que Philippe R. le caméraman effectue des prises de vue jusqu’à 5700 mètres. L’itinéraire suit des moraines au-dessus à gauche du camp de base et une arête rocheuse jusqu’à 5900 m, d’agréables pentes de neige mènent au sommet.
Pendant ce temps Philippe, Sébastien et Antoine continuent leur marche après avoir atteint ce sommet. Ils passent les deux autres dômes et descendent à un col 100 mètres plus bas. Ils gravissent ensuite les pentes à 40° qui mènent au sommet de l’Ice Tooth (6200 mètres). Ils descendent par un autre glacier qui les ramènent au camp de base par la droite. Une boucle sympathique par cette journée dominée par le grésil et le brouillard. La vue sur les sommets alentour n’aura duré qu’une dizaine de minutes. François décolle malgré tout en parapente légèrement en dessous du Betanc Ri. L’éclaircie était de courte durée!
Hier journée de repos pour la plupart d’entre nous. Il a neigé cette nuit… Laurent et Greg montent au Bétanc Ri. L’anniversaire de Philippe constitue un moment fort de la journée. Kaman notre cook (le même que l’an dernier au Sichuan), réalise encore des prouesses.
Aujourd’hui, quatre d’entre nous (Thomas, Philippe, Sébastien et Antoine) comptent aller bivouaquer vers 6000 pour tenter l’ascension du Pemtang Ri (6750 env), un sommet situé de l’autre coté du glacier de Nyanang Phu. Espérons que la météo tiendra car le temps est maussade ce matin…
A bientôt.
Antoine pour le GMHM
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À pied d’œuvre
19 septembre 2003
Après une marche d’approche magnifique de trois jours où nous sommes montés progressivement de 3700m à 5300m, nous voici tous installés au camp de base, malgré quelques maux de tête pour certains tout le monde est en forme. L’emplacement est idéal, dans la prairie au bord d’un lac. Lorsque nous sommes arrivés, il y avait déjà une expédition espagnole qui nous a accueilli chaleureusement.
Du camp de base, nous sommes encore à 7 kilomètres du pied de la face, nous projetons d’aller faire un petit tour dans cette direction demain, vu du camp de base les montagnes ont l’air assez chargées en neige.
Depuis le début de la marche d’approche, le brouillard ne nous a pas quitté, ne nous laissant entrevoir les montagnes que pendant quelques minutes, mais au dessus le ciel parait bien dégagé, pourvu que ça dure!
A bientôt.
Si un de nos fidéles lecteurs a quelques notions de mécanique, pourrait-il nous envoyer un mode d’emploi pour réparer une bougie cassée sur le groupe électrogène, sinon vous n’aurez plus de nouvelles du GMHM jusqu’à la fin!!!!!!!
A bientôt
Manu pour le GMHM
PS : sauf pour les proches des membres de l’expédition,ne répondez pas à ces messages ceci risquerait de bloquer notre boite de réception,merci de votre compréhension
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Approche
13 septembre 2003
Après 2 jours passés à Katmandou, pour régler les problèmes administratifs, nous voici à Nyalam à 3700m d’altitude.
Il nous aura fallu 2 jours pour y parvenir à cause des routes en mauvais état et des douaniers chinois qui, à la frontière, ont eu la mauvaise idée d’ouvrir un bidon contenant le jambon et le fromage et de nous le confisquer.
Bien dommage, ça nous aurait changé du riz.
Sinon tout le monde va bien, normalement on commence la marche d’approche dans 2 jours et on vous donnera des nouvelles du camp de base à 5300m.
