Cet Hiver 2016 est bien particulier. Légèrement maussade et complétement bizarre. Une semaine il neige en plaine, la suivante il pleut à 2000 m. Pas de créneau de beau temps de plus de 2 jours…
Pour les alpinistes du Groupe, il est délicat d’organiser une grosse sortie en montagne. Entrainement en salle, sortie à la journée et prières au dieu de la météo rythment notre quotidien. Puis s’installe sur les Alpes l’anticyclone tant espéré. Il est l’heure d’aller profiter des belles conditions en montagne. Tous les alpinistes du GMHM sont de sortie :
Commençons par les ascensions à la journée :
Lundi 14 Mars :
L’Adjudant-chef Sébastien B. et l’Adjudant Sébastien M. font cordée pour le couloir en « S » en face Nord de l’Aiguille du midi. Ce bel itinéraire de 1000 m, côté 4 en glace est situé entre le 6eme et le 7eme éperon. Réputé exposé aux séracs dans les années précédentes, les 2 Sébastien ont trouvés cet itinéraire relativement « safe » et dans une belle ambiance montagne. Ils conseillent à tous les alpinistes de revisiter cette belle ligne, plus soutenue et qui change un peu des classiques couloirs « Mallory » ou « Eugster diagonal »
Mardi 15 Mars :
L’Adjudant Sébastien M. toujours à la recherche de belles goulottes hors des sentiers battus fait équipe avec le capitaine Didier J. Ils se dirigent vers la pointe Adolphe Rey et cette superbe ligne de glace/mixte entre les voies « Cache-cache » et « Salluard ». Ouverte en 2014 par Mateo Giglio la voie « Grégory o Theophile » propose les cotations suivantes : 250 m, II, WI5, M6. D’après les grimpeurs du Groupe, l’accès est très rapide, la ligne vraiment esthétique et la grimpe superbe. De quoi devenir une belle classique.
Regardons maintenant les ascensions sur plusieurs jours :
Aiguille de Leschaux, voie « Charlet ».
L’Adjudant Arnaud B. le caporal Antoine B. et monsieur Dimitry M. ont envie d’aventure et de dépaysement. En début d’hiver ils repèrent une paroi peu visitée : la face ouest de l’aiguille de Leschaux. Un beau dièdre dans le haut de la face attire leurs regards et leurs motivations. Un peu de recherches bibliographiques et ils trouvent des infos dans le vieux topo Vallot (Tome IV, p 200).
« Voie Charlet : 1929 par Armand Charlet à la descente et 1950 par Lucien Bérardini à la montée… Profond couloir cheminé qui descend de la brèche entre le second et le troisième ressaut de l’arête nord-ouest… un pas de IV sup dans la dernière longueur… »
Dimanche 13 mars, ils partent en direction de cette paroi avec 2 jeux de friends, 6 broches et de quoi tenir 3 jours en montagne. Lundi 14 mars, après une longue approche et des sacs bien lourds, les premières longueurs délicates et les pentes de neige sont vite avalées. Ils trouvent un emplacement de bivouac 4 étoiles, sur un éperon entre 2 couloirs, ou ils peuvent installer la tente et repérer la sortie et le fameux dièdre. Mardi 15 mars. Le couloir d’approche est vite avalé en guise de petit déjeuner. Le couloir/cheminé propose de la neige posé sur du rocher qui demande un peu d’attention. La ligne est belle et agréable à grimper en mixte (M5 environ). Une voie très peu parcourue en été et encore moins en hiver (probablement la première ascension hivernale).
Un peu d’aventure dans un coin reculé du massif… mission accomplie.
Eiger face nord directe, voie « Harlin ».
Le gros morceau de la semaine et de l’hiver c’est la face nord de l’Eiger. Le simple nom fait froid dans le dos. Grimper en hiver la voie directissime Harlin… il faut une bonne dose de motivation et un certain degré d’engagement. Ou plutôt un degré d’engagement certain.
Le Caporal-chef Sébastien R. et le caporal Max B. sont affûtés. Bien entrainés et déterminés. Ils font appel à Pierre Labbre pour former une solide cordée. Il faut 2 jours pour boucler les sacs. Une préparation millimétrée est un facteur de réussite pour un projet de haut niveau comme celui-là.
Mercredi 9 mars. Ils font la route vers Grindenwald et effectuent un premier portage jusqu’au pied de la voie. Jeudi 10 mars. Ils attaquent le chantier et le termineront 5 jours plus tard, lundi 14 mars à 15h30 au sommet de l’Eigerwand. S’enchainent les longueurs de mixte très délicates à protéger sur un calcaire sournois et les mauvais bivouacs. Dans le haut de la face, ils ne trouvent pas le cheminement de la voie Harlin… Après 2 longueurs sordides avec de mauvaises protections, ils traversent de 100m à gauche. Ils font un 4eme bivouac assis dans la traversée des dieux puis terminent leur ascension par la voie plus classique « Heckmair ». Une pointe de déception pour ces grimpeurs qui n’enlève rien à la performance et l’engagement. La face nord directe de l’Eiger en hiver reste un sacré morceaux. Bravo à eux. A suivre dans quelques jours un article plus complet sur cette belle ascension.
Maintenant place au repos, à la formation des Commandos montagne au Groenland et au montage de petits films sur ces belles sorties hivernales.
Caporal Bletton.