Lors de ma première visite des lieux, nous nous étions affairés à faire nos gammes dans les classiques locales et nous avions snobé la zone du pilier sud et de la tour Jaune.
En redescendant dans la vallée, nous nous étions promis de revenir pour ce secteur qui, sur le papier, paraissait prometteur.
Le temps passe, les neurones s’assoupissent, les projets s’accumulent. Argentière tombe un peu dans l’oubli de ma boite crânienne.
L’injonction d’un des ouvreurs à me bouger d’aller y jeter un œil, nous propulse avec Didier dans la benne suivante, pour l’océan granitique d’Argentière.
Notre premier choix se porte sur « La part des Anges » sur le pilier sud de l’Aiguille d’Argentière.
Comme c’est dans les fûts les plus vieux que l’on fait les meilleures bouteilles, je vous laisse imaginer la qualité de cette voie qui se déroule sur un des plus vieux granits du massif.
Le rocher sculpté par les âges et les vents nous offre une variété de grimpe et une ambiance des plus belles.
S’extraire de la raideur de ce pilier sud en son sommet, à seulement quelques encablures de l’éminente Aiguille d’Argentière, nous confirme la lacune de n’être pas venu plus tôt.
Notre deuxième choix n’est pas non plus un second choix. La Tour Jaune abrite « L’énigme sans fin », une voie qui nous propulse dans les mouvements surréalistes d’un granit qui n’en fait qu’à sa tête.
Les formes qu’il prend en suggère d’autres, et permettent ainsi plusieurs interprétations très différentes de chaque longueur.
Salvador Dali, ayant eu connaissance d’un tel rocher, se serait certainement mis à l’escalade.
Le granit de ce secteur est sans doute l’un des meilleurs du massif, et avec certitude l’un des plus variés et des plus surprenants. Avis aux amateurs de tafonis : vous pouvez sans regret annuler votre prochain voyage en Corse et embarquer à bord du ferry direction Argentière.
Le CNE Jourdain et le CPL Billon