Enfin, la semaine de beau tant attendue est là. Nous décidons donc de partir pour quelques jours en montagne afin de profiter au maximum de ce créneau.
Le Chasseur Ratel Sébastien et l’Adjudant Chef Bohin Sébastien se sont d’abord occupé du topo. Comme nous allions enchainer une dizaine de courses de rochers, il a fallut les retrouver toutes pour les regrouper avec cohérence. Simon Duverney faisait cordée avec Chasseur Ratel et moi-même, Chasseur Poitevin Marion, avec Adjudant Chef Bohin.
Départ première benne le mardi matin du Plan de l’aiguille pour commencer par la NNE à l’aiguille de l’M. Quoique très fréquentée, elle reste une belle voie de granite. Nous continuons ensuite par le Grand Charmoz.
Quelques passages aériens en V et VI vont nous forcer à mettre les chaussons d’escalade. Les anciens nous ont bien impressionné dans certains passages grimpants et quelquefois peu protégeables.
Arrivés au sommet, nous redescendons au col Charmoz-Grépon pour un premier bivouac sous les étoiles.
Le sac un peu moins lourd, nous repartons pour enchainer le Grépon. Le passage le plus physique, la fissure Mummery, nous attends au départ, suivie du fameux passage du trou du Canon. Mummery était passé avec la corde autour du ventre, nous mettrons des friends, des chaussons et de la sueur. La suite de l’escalade est superbe, aérienne jusqu’à la vierge du sommet. De là, rappel jusqu’au glacier des Nantillons qui subit dangereusement le réchauffement. On le traverse pour rejoindre le couloir Spencer, sujet à de fortes chutes de pierres que l’on avait pu observer pendant toute la traversée Charmoz-Grépon.
Nous remontons le pilier Bregeault jusqu’au quasi sommet de l’Aiguille de Blaitière. Après une traversée facile et pommatoire de Blaitière et des Ciseaux, nous arrivons à l’aiguille du Fou qu’il nous faut gravir. Une belle cheminée en III nous ammène sous le bloc sommital. Il faut songer au bivouac et chercher de la neige. Par chance, après le premier rappel pour rejoindre le bivouac du col du Fou, un névé nous attend. Nous faisons donc une pause pour refaire de l’eau et des réserves de neige. Ce bivouac restera un beau souvenir pour au moins deux d’entre nous. Calés sous un rocher énorme, à l’abri de la pluie, au bord du vide, nous sommes aux premières loges pour le coucher de soleil.
Le sac un peu moins lourd, nous décidons de nous réveiller avant les lumières de Chamonix pour cette dernière grosse journée. Partis avec les nuages, nous avons quelques difficultés pour trouver notre chemin. Traversée de la Pointe Lépinay versant Chamonix, traversée de la Pointe Chevalier versant Mer de Glace, nous arrivons au col de Blaitière pour gravir le Caïman, clou de la journée.
« Rejoindre une double fissure par des vires faciles… », d’après le topo. Nous voici sur l’arête SE du Caïman, entourés de parois lisses. Nous nous sommes bien trompés. Nous redescendons en rappel pour tenter une autre double fissure. Cette fois, c’est la bonne. Nous avons perdu 3h. Nous rejoignons l’arête SE pour finir par des longueurs en V- plutôt grimpantes… Encore un rappel pour rejoindre le col du Caïman et grimper le Crocodile.
Cette aiguille, gravie au coucher de soleil, est à l’unanimité la plus jolie. Nous suivons le fil de l’arête aérienne dans du IV facile sans trop voir où ça passe. Mais il y a toujours une bonne prise, une énorme fissure, perchée entre Chamonix et la Mer de Glace. Dernier rappel pour prendre pied sur glacier sous l’Aiguille du Plan.
Cette dernière course se fera de nuit : remonter à l’Aiguille du Plan, descendre l’arête de neige, remonter le Rognon du Plan, le traverser, redescendre une arête, remonter un glacier et, enfin, remonter l’arête de l’Aiguille du Midi. Arrivés à 2h du matin. La nuit dans la gare de l’aiguille est toute à fait glauque. Sans commentaire.
De cette aventure, nous retiendrons un grand respect pour les anciens pour les itinéraires et leur habilité à grimper les fissures chamoniardes, de superbes escalades dans le fameux granite rouge de Chamonix et deux bivouacs agréables.
Chasseur Poitevin Marion