présentation
Cette parenthèse de début d’année va permettre au gmhm de retourner en Antarctique mais aussi et surtout de préparer l’expédition « traversée de la Cordillère Darwin » qui aura lieu à l’automne 2011.
En effet, le GMHM à répondu favorablement à l’invitation de Mr Paulsen pour partir avec François Bernard (son guide attitré) ancien du gmhm ainsi que son fils Jean pour effectuer l’ascension du mont Sidley. Le départ de cette expédition se faisant depuis Punta Arénas en Patagonie Chilienne, le gmhm pourra profiter de ce créneau pour effectuer une reconnaissance sur la cordillère Darwin.
carnet de bord
Récit de voyage en Antarctique par le caporal Marion POITEVIN
Vendredi 11 février2011
Après 12 jours d’attente à Punta Arénas, nous nous sommes envolés pour l’Antarctique le 21 janvier. L’objectif est de gravir le Mont Vinson, sommet de 4892m le plus haut du continent, et d’ouvrir de nouvelles voies.
L’avion, un Iluschin 76 fabriqué en 1992, est aussi russe et rustique que son équipage. Pendant le vol nous avons pu apercevoir un bout de la péninsule Antarctique et quelques sommets sûrement encore vierges. Dommage que les hublots soient si petits.
Nous voilà enfin à Union Glacier, 700m, qui est la base la plus proche du pôle sud et le point de départ pour se rendre au camp de base du Vinson.
Il y a encore beaucoup de sommet vierges à conquérir et de nouvelles voies à ouvrir. On peut y dormir sur des vrais matelas dans nos sacs de couchage, il y a aussi une grande tente mess où la cuisine est bonne et copieuse, une bonne adresse. Le site accueille jusqu’à 130 personnes. On peut prendre une douche par semaine, artisanale mais très agréable, la température est correcte, en tournée une petite doudoune suffit. Les responsables de ce camp sont extrêmement gentils et accueillants, malgré les 2 mois sur le glacier, le froid et le jour permanent très fatiguant. Merci à eux!
Nous sommes restés une nuit avant de nous envoler vers le camp de base du Vinson avec un Twin Otter et Monica, la pilote, petit bout de Canadienne qui mène bien son affaire. Ce fut une expérience unique de survoler un continent de montagnes, de glace et de vent. On se sent tout petit, encore une belle leçon d’humilité!
Le camp de base du Vinson, VBC, est à 2000m d’altitude et composé seulement d’une tente mess pour 15 personnes.
Nous sommes restés une nuit avant de partir pour le Low Camp à 2700m. On a pu tester les pulkas, sorte de luge, pour tirer nos affaires sur le glacier. Elles étaient lourdes, nous sommes partis avec une autonomie complète pour 10 jours.
Pour aller dormir au High Camp, 3700m, nous devions mettre le contenu des pulkas dans nos sacs à dos. Nous avons donc décidé de faire le sommet en “one push” avec les skis, c’est-à-dire sans s’arrêter, sans porter les tentes et les réchauds.
Le soleil au Low Camp se lève à 12h, nous sommes partis à14h.
Pour atteindre le High Camp, on remonte une épaule de neige à 45° de moyenne sur 700m de dénivelé équipée de cordes fixes.
C’était une grande première pour nous tous. Arrivés au High Camp, nous avons pris deux heures de repos pour nous restaurer et remplir les thermos avant de continuer.
Le sommet était alors dans l’ombre, nous avons eu très froid sur le glacier. Didier et Dimitry ont du faire demi-tour 300m sous le sommet, Dimitry ne se sentait pas encore bien acclimaté. Sébastien et moi sommes partis pour le sommet, nous avons mis 2h30 pour l’atteindre. Nous étions fatigués après 12h de marche, à l’ombre et dans le vent. La température de -30ºC avec 10km/h de vent a eu raison de nos bouts de nez. Le créneau n’était pas parfait, le sommet se fait habituellement en petite doudoune, mais nous avancions vers la fin de saison, le soleil commençait déjà à décliner sur l’horizon et entrainait ainsi la température dans sa chute. La vue était magnifique, nous avons profité des lumières du soir. Le soleil ne se couche jamais mais la nuit, l´horizon se teinte légèrement en orange et les ombres s’agrandissent. Nous étions au sommet à 2h du matin. Le retour à skis nous a pris seulement 5h avant de nous écrouler dans nos tentes à 7h du matin. Le jour suivant, le 25 janvier: repos et crème solaire sur les bouts de nez pour apaiser les petites gelures.
Le 26 janvier, Didier et Dimitry sont repartis pour le sommet avec l’intention de dormir au camp supérieur pour prolonger leur acclimatation. Pendant ce temps là, avec Sébastien nous avons ouvert une nouvelle voie entre le camp inférieur et le camp supérieur, nous l’avons appelé “Tack-tack”, “Tack” signifie “merci” en suédois, clin d’œil à Mr Paulsen.
Au camp supérieur, Didier et Dimitry nous attendaient avec une petite soupe, puis nous sommes redescendus au Camp inférieur.
Le lendemain, Didier et Dimitry ont fait le sommet, avec du vent mais du soleil et sont redescendus directement au camp inférieur. Avec Seb, nous avons skié un couloir au dessus du camp inférieur en les attendant. Puis dans la foulée nous sommes redescendus au camp de base, nous espérions pouvoir voler le lendemain soir. Encore une fois la même question quant à l’avion : volera-t’il demain ? Alors nous pourrions grimper autour de la nouvelle base d’Union Glacier où il reste tant de choses à faire.
Mais c’était sans compter sur les caprices de la météo! Nous sommes finalement restés coincés 4 nuits de plus au VBC. Nous étions en fin de saison, les températures sont allées jusque -34ºC la nuit. Cela devenait dur de dormir. Heureusement nous avions la tente mess pour battre les cartes et profiter des pancakes préparés par les guides d’ALE (Antarctic Logistic Expedition) qui nous ont accueillis les bras ouverts. Ces quelques jours nous ont permis de faire connaissance avec les autres grimpeurs présents sur la montagne. Ils ont tous pour objectif de boucler le challenge des “7 Summits”, c’est-à-dire gravir le plus haut sommet de chaque continent. Ils étaient égyptien (le 1er sur le Vinson!), canadiens, américains, australiens, hollandais, espagnol, une Singapourienne.
Pour tuer le temps, nous avions les skis de randos, la belote et les repas. Monica, la pilote, est arrivée le 1er février pour ramener Didier et Dimitry, Seb et moi avons pris le 2ème avion le lendemain matin.
Didier et Dimitry ont profité de la nuit du 1er au 2 pour partir en montagne et ouvrir une nouvelle voie sur le Mount Rossman, un couloir de neige en AD de 850m, nommé “Too late”, “Trop tard”.
Ils espéraient ouvrir le couloir à côté mais il y avait déjà des traces. C’est l’avantage de ce continent en grande partie vierge, ils ont pris le couloir 100m à gauche et l’ont ouvert.
J’ai profité de mon dernier jour en Antarctique pour enfin essayer mon nouveau kite. L’endroit s’y prête bien, c’est un immense plateau glaciaire, les locaux m’ont donnée quelques conseils. Le principe d’avancer avec la force du vent plutôt que la mienne me plaît beaucoup.
Le jeudi 3 février, nous étions de retour à Punta Arénas.
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Départ
7 janvier
Les 4 grimpeurs du gmhm (Didier, Seb Bohin, Marion et Dimitry) viennent d’être déposé à l’aéroport de Genève… Jusque la tout vas bien!!!
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premières péripéties
9 janvier
Grèves généralisées au Chili et plus particulièrement à Punta Arenas….
Suite à une très forte augmentation du prix des carburants et du gaz, l’aéroport de punta Arénas est bloqué par les grévistes…
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suite des péripéties
20 janvier
Après plus de 10 jours d’incertitudes sur la date de départ pour l’antarctique (« demain on part » et « nous sommes toujours à Punta Arenas..etc…)
Didier nous envois enfin un mail plein d’espoir:
Lundi, c’était toujours la grève, le créneau de beau temps sur Darwin n’est pas exploitable car l’hélicoptère ou l’avion ne peuvent pas voler : pas de fuel ! Le changement est toutefois au rendez-vous, le prochain briefing pour un départ en Antarctique n’est que pour mardi soir : nous avons un peu de temps. Ils pensent toutefois avoir répare l’avion pour mercredi. Ce qui était d’ailleurs totalement utopique !!! Enfin c’est comme cela depuis le début ! Nous louons donc quatre vélos car il y a toujours les barricades et partons vers le sud, vers la cordillère Darwin.
Petit à petit on s’en rapproche et le Sarmiento devient de plus en plus éblouissant. Nous arrivons le soir au phare de San Isidro juste en face de Darwin, à 20 km du cap Froward le point le plus austral des terres continentales de la planète. Le cap est notre but toutefois nous avons déjà laisse les vélos car le chemin n’était plus praticable avant le phare. Le lendemain le vent c’est levé et la pluie tombe. Le bateau ne peut pas nous emmener et il faut trois jours à pieds. C’est détrempés que nous ferons les 80km du retour sur Punta Arenas. Notre petite balade nous aura fait du bien au moral car l’attente devenait difficile, De plus nous aurons eu un avant gout de la cordillère Darwin notre prochain projet : ce sera terrible !
Mercredi toujours pas d’Antarctique. Aujourd’hui jeudi, la pièce pour l’avion doit enfin arriver, notre prochain départ est toujours prévu demain, mais nous savons très bien que se ne sera pas avant samedi. Nous croisons les doigts car nous approchons de la date butoir. Notre programme en Antarctique a d’ailleurs déjà change, nous irons sur le Vinson, puis dans les alentours de la nouvelles base d’Union Glacier ou il y a tout à faire. Si seulement …
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Enfin de l’action
jeudi 27 janvier
Le moral est au « beau fixe », les quatre grimpeurs sont sur le mont Vinson à 4 897 m, au point culminant du continent antarctique.
Depuis la dernière info l’avion à été réparé, la grève a cessée et le temps semble s’être accéléré pour les membres de l’expédition.
En effet, un petit rappel chronologique de la semaine écoulée permet de comprendre toute la pertinence célèbre adage du montagnard : »Quand c’est parti, c’est parti ! ».
L’info de jeudi dernier avait laissée Didier, Sébastien, Marion et Dimitry en attente à Punta Arénas avec des « si seulement ».
Et vendredi, comme prévu, le décollage « prévu » n’a pas eu lieu.
Le début du voyage débute finalement samedi 22 matin où les alpinistes empruntent durant 4h30 un avion-cargo en direction de la base d’Union Glacier. De là, un second vol les dépose au pied du massif du Vinson.
Depuis le camp de base installé à environ 2 200 mètres d’altitude au pied de la montagne, l’ascension peut prendre de deux à quinze jours selon les conditions météorologiques. Les nuits ou les jours de repos sont alors passés dans deux camps d’altitude le Low Camp et le High Camp.
Les prévisions météorologiques pour les prochains jours sont favorables et le dimanche 23 « action Day », les quatre grimpeurs se déplacent vers les camps d’altitude.
Lundi ils partent en direction du Vinson, Sébastien et Marion « font » le sommet tandis que Didier et Dimitry poursuivent leur acclimatation en installant le campement.
La journée de mardi est consacrée à la récupération.
Hier soir vers 18h00 (mercredi 26) Didier appelle par téléphone satellite la base arrière de Chamonix. « Ici tout va bien, la température est clémente, il fait un petit – 30°C, c’est seulement le vent qui est un peu gênant ».
La conversation ne s’éternise pas sur le sujet, le chef d’expédition enchaîne sur le programme des deux jours à venir : « Seb et Marion partent pour une goulotte en face ouest ; avec Dim on file au Vinson, on pense rentrer au camp vendredi. ».
La base de Chamonix « vous partez maintenant, quelle heure est-il? »
Didier « y’a pas d’heure, on profite du jour permanent pour adapter nos déplacements à la forme du moment et à la météo. Tu passes le bonjour à tous ceux qui nous suivent. Salut. «
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Tous au sommet
jeudi 03 février
Une semaine s’est écoulée depuis le dernier article.
Au final toute l’équipe a foulée le sommet de l’Antarctique.
Dimitry et Didier sont allés au sommet du Vinson, Marion et Sébastien ont ouvert une voie dans une goulotte de la face ouest, ajoutant ainsi une belle page au carnet de route du Groupe.
C’est également un bel hommage à Jean-Marc Gryska, membre du GMHM disparu accidentellement le 25 novembre 1997 dans cette région du Vinson.
En 1997, le GMHM effectuait une expédition préparatoire à la conquête du Pôle Sud en autonomie totale prévue en 1999.
Sur les trois objectifs fixés au départ, deux ont été atteints:
– Relier la base de Patriot Hill au pied du mont Vinson n’avait jamais été réalisé. L’itinéraire à été bouclé en douze jours.
– Réaliser l’ascension de plusieurs sommets de la chaîne Sentinelle en cordée alpine par des itinéraires originaux. 4 premières ont été réalisées, dont une sur un sommet vierge qui porte aujourd’hui le nom de pic Gryska.
– Seule l’ascension du mont Vinson n’avait pu être effectuée en raison du retour prématuré du groupe suite à la chute de Jean-Marc.
Jeudi 03 février 2011, les quatre membres du l’équipe sont encore en Antarctique dans l’attente d’un avion pour le Chili.
A la base arrière de Chamonix nous sommes impatients de recevoir les photos.