Lundi 22 juillet 2015.
Nos amis Britanniques se sont chargés d’organiser un Championnat Européen d’escalade. 3 ans auparavant ils avaient organisés de main de maitre une compétition identique à Edimbourg en Ecosse. Motivés par cette compétition et surtout par un autre argument de poids : « Après la compétition, nous vous emmèneront grimper sur les sites du coin », il n’en faut pas plus pour forcer le déplacement de la petite délégation française. Le Coach « Major Jean Luc Schmitt » recrute ses hommes : Dimitry Munoz, Stanislas Declosmadeuc et moi même. Dimitry a bien repris la forme en résistance, Stan est polyvalent, et moi je me sens bien en bloc.
Bien qu’averti un peu tard pour orienter une quelconque préparation spécifique, l’idée de grimper aux alentours de Liverpool et Manchester suffit pour me faire monter l’influx. J’espère secrètement que la pluie nous épargnera et que je pourrai poser mes doigts dans les blocs de Jerry Moffat, Ben Moon, Johnny Daws et Jean Passe. Tous ces énervés de la discipline qui ont poussés, dès la première heure, la barre super haute.
En France c’est la canicule, ici c’est ciel gris, vent frais, on ne pense pas à grimper torse nu. Ca colle !
Le Lieutenant Colonel Peter Skinsley a tout prévu pour faciliter la venue des équipes étrangères. Les navettes viennent nous récupérer à l’Aéroport de Manchester. 2h de petites routes et on se retrouve au camp d’entrainement de Capel Curig. Un petit baraquement en pleine campagne galloise. De la verdure, des maisons en pierres, des moutons. Depuis ce camp de base, les bus nous déposent mardi et mercredi au « Beacon Center » pour la compétition.
Mardi : Qualification difficulté et Bloc.
3 voies à réaliser flash. 6c 7a et 7b dans du mur presque vertical avec petites prises pour accéder à la demie. Il y aura aussi des voies 5c 6a 6b pour permettre au plus grand nombre de se faire plaisir. En même temps, 15 blocs à réaliser avec la règle suivant : 1er essai 10pts, 2e ess 7pts, 3e 4pts puis ensuite 2 points. 1 point si seulement la zone est atteinte. Pendant que certains jouent la carte de la tactique sournoise du « vas y en premier », les Frenchies et les Belges sautent à vue dans les blocs quitte à perdre des points. C’est pas grave, avec Stanislas on se partage quand même la 1ere place avec 11 blocs a vue ou flash, 1 bloc au 2e essai et 3 autres avec un peu plus de 3 essais.
Mercredi : demie et finale de diff, puis vitesse.
Cueillis à 9h du matin dans un mur léger dévers en 7C+, je me prends une montée d’acide dans la première moitié du mur de cette demie finale. 8e avec 5 ex éco, les portes de la finale se referment devant moi. Dans les 7 retenus il y a Stan qui se bat bien et passe 5eme, et Dim, impérial, qui gère sa rési sans trop de difficulté jusqu’au sommet de la voie. David le grimpeur espagnol est à l’affut derrière Dimitry et sortira lui aussi cette voie.
N’étant pas en finale, je décide de me finir en participant à la compétition de vitesse. C’est la première fois que je monte dans une voie officielle. Ici le règlement nous autorise des essais « à volonté ». Seul facteur limitant : les bras. Très limitant d’ailleurs car ma stratégie de circonstance consiste à garder le regard figé vers le haut et les pieds quant à eux se contentent de gratter le mur en espérant pousser de temps à autre sur une prise au passage… Au fil des essais le chrono descend : avec 19 secondes je reste à la deuxième place derrière un grimpeur anglais plus aguerris à cette discipline. Pas mal mais encore bien loin des 6sec37 du record du monde !
Ensuite le grand draps qui cachait la voie de finale tombe : plus dévers, prises plus petites… j’en connais un qui va se régaler !! Et moi bien content d’être spectateur.
Stanislas se battra bien mais glissera sur une pose de pied un peu négligée. Dimitry réussira à monter très haut, suffisamment haut pour ne pas être rejoint et prendra une première place bien méritée.
Jeudi :
En organisateur hors pair, le Lt Col nous concocte une journée de découverte des sites d’escalade du « North Wales ». Les groupes partent dans toutes les directions. Une navette et des guides par groupe. Au choix : Trad, escalade sportive ou bloc. Nous choisissons bloc et c’est le col himself qui sera notre guide. Accompagnés par d’autres grimpeurs locaux nous n’auront plus qu’a enchainer les plus beaux passages du coin, flashés au millimètre par nos guides. Du cinq étoile !
Pour la première séance (car oui, il y en aura 2 !) direction Porth Ysgo. Un spot qui semble avoir été épargné par la pluie. Du rocher noir à l’adhérence très agressive pour la pulpe des doigts, celle-ci étant déjà bien rougie par les jours précédents. Au bord de la mer, il aura même fallu attendre que la marée se retire un peu pour essayer le bloc « the truth ».
Après avoir essayé tout ce qu’on pouvait, le retour s’annonce car il est déjà 16h30. Lors du trajet le Col nous surprend à parler du bloc « Jerry’s roof » un toit en V9 ouvert par Jerry Moffat, qu’il avait d’ailleurs travaillé il y a quelques années. Il nous propose directement d’y aller ce soir après le repas au camp. Ce n’était même pas de l’humour anglais ! à 20h nous voilà reparti pour le col où Jerry’s roof nous attend ! Voilà donc la seconde séance de bloc de la journée. Vent frais, conditions optimales, le rêve !
On finira donc à la tombée de la nuit dans ce bloc ultra physique de 14 mouvements. On va bien dormir !
Vendredi :
Le retour. Il fallait bien penser à rentrer… de toute façon toute la délégation française se réveille avec des courbatures et un manque crucial de peau sur les doigts. 2 heures de bus pour rejoindre Liverpool. L’avion nous ramène ensuite d’une traite à Genève.
Le parfait séjour. Merci donc à l’armée Britannique pour cette organisation exemplaire et bien sûr au Major Schmitt qui a parfaitement monté cette mission dans des délais très serrés.
Adj BAYOL
