Le prochain objectif du GMHM est la face sud du Shishapangma. Après un « but météo » à l’automne dernier, une équipe plus réduite s’est reconstruite pour mettre « un 2eme essai » sur cette face mythique.
Cette fois nous serons 4 grimpeurs : L’Adjudant Sébastien Moatti, le Caporal-chef Sébastien Ratel et les Chasseurs Max Bonniot et Antoine Bletton. Accompagné par le Médecin principal Benoît Ginon et avec le Capitaine Lionel Albrieux en chef d’expédition, nous partons pour le Népal puis le Tibet le 01 avril prochain.
Ainsi, depuis janvier nous avons repris l’entraînement physique de base. Hiver oblige, l’entraînement est assez orienté ski de randonné. Les objectifs fixés demandent un gros travail de volume (entre 5000 et 7000 m de dénivelé positif par semaine). La plupart des entrainements se font avec du matériel léger sur la trace de montée des Houches avec un rythme réduit pour durer longtemps (3500m D+ en une journée !) ou en fractionné avec des intervalles qui font bien monter le cœur.
Mais quand la météo et les conditions le permettent, nous essayons de faire des vrais sorties montagne, avec du matériel plus lourd et sans utiliser les remontées mécaniques. Le but est de se rapprocher des sensations de haute altitude : chaussures lourdes, jambes qui pèsent une tonne …
Dans cette optique nous avions comme objectif de partir du village d’Argentière (1250m) pour rejoindre l’aiguille du Chardonnet (3820m) en une longue et belle journée de montagne. En regardant cette montagne depuis le parking des Grands Montets, une ligne saute aux yeux. Un couloir serpente dans la face et doit permettre de rejoindre le sommet sans grandes difficultés techniques. En se penchant sur les cartes et topos avec Seb Ratel, nous prévoyons la sortie : Départ par la « pierre à ric » le matin avant l’ouverture des pistes, rejoindre le glacier d’argentière, le traverser en direction du Col du Passon puis tirer à droite en direction du flan Ouest du Chardonnet. Remonter ensuite le couloir Ouest du col supérieur Adams Reilly pour rejoindre la fin de la voie normale du Chardonnet (voie de descente). Depuis le col il reste 300 m de dénivelé pour le sommet.
Le mardi 18 février nous partons à 7h du parking. Le rythme est assez lent car la journée risque d’être longue : 2600m D+ et nous sommes assez chargés : chaussures et skis lourds, 2 piolets, crampons, 60 m de corde, quelques pitons et friends. Nous avons recrutés quelques copains motivés pour nous aider à tracer le couloir : Ena, Simon et Julien qui péparent le proba se joignent à nous. Aucun d’entre nous ne connaît ce versant du Chardonnet qui pourtant saute aux yeux depuis les Grands Montets. Nous avons un peu l’impression de partir à l’aventure ne sachant pas ce que le couloir nous réserve.
Il y a quasiment 2000 m de dénivelé en peaux de phoque avant de rejoindre le couloir. Piolets et crampons sont sortis en nous attaquons le couloir vers 12h00. Les conditions sont sympas pour la montée : un peu de glace, un peu de mixte facile, pas mal de neige à brasser ; cependant la descente à skis par ce versant s’avère impossible au vue des conditions.
Depuis le col supérieur Adams Reilly ou le vent nous ceuille un peu, nous distinguons un petit couloir qui conduit directement au sommet. Nous décidons de laisser les skis au col car une fois de plus les conditions ne permettent pas une descente à skis intégrale. C’est donc plus léger que nous effectuons un aller-retour au sommet. Nous y sommes à 15h avec les jambes un peu lourdes mais un grand sourire. Le début de la descente est sympa, mais une fois les skis aux pieds nous sentons bien les 2600 m de dénivelé assez chargé ! Les virages ne sont pas très esthétiques et la neige soufflée/croutée nous donne une bonne excuse !
Nous descendons par la voir normale (Nord-Ouest) de l’aiguille du Chardonnet (zones assez crevassées) puis par la classique descente du col du Passon. C’est à 17h30 que nous rejoignons le village du tour. Une belle journée en montagne, un entrainement qui colle assez bien à ce que l’on peut vivre en expédition.
Cette boucle à tout pour devenir une belle classique (sans forcément partir du bas) : Sommet esthétique, itinéraire évident, escalade agréable sans être débonnaire et descente à ski sympa. En tout cas nous sommes contents avec Seb d’avoir réalisé ce petit projet de préparation d’expédition. La forme semble être pas trop mal, le travail de volume est terminé, place au travail de préparation spécifique… à suivre …
Chasseur Antoine Bletton.