Introduction
Le monde de l’alpinisme comporte bon nombre de pratiques différentes. L’une d’entre elles consiste à escalader d’immenses parois rocheuses verticales. On les nomme en utilisant un terme anglais qui tend à se généraliser. Ce sont les « Big Walls ».
Depuis deux ans déjà, le Groupe Militaire de Haute Montagne se confronte à ce genre de parois. Cela permet aux grimpeurs d’améliorer leur niveau technique. De plus ils utilisent et testent les différents matériels adaptés à ces ascensions.
Un entraînement aux États-Unis dans le massif du Yosémite a été réalisé en vue d’une première approche des Big Walls. Les conditions météorologiques qui règnent dans cette région permettent en effet de se concentrer uniquement sur l’aspect technique.
Pendant le printemps 2001, une équipe de 4 grimpeurs s’est rendu dans le Grand Nord Canadien en Terre de Baffin. L’ascension du Pic Alain Estève a constitué une étape supplémentaire du fait de la rigueur du climat et de l’isolement de ces régions.
Pour parachever la montée en puissance, le GMHM fera une expédition en Inde dans le massif du Garwhal au printemps 2002. Toutes les difficultés rencontrées dans les précédents voyages seront associées à la haute altitude.
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Historique
Il y a 4 ans à peine, une photo portant la mention « certainement photographié pour la première fois » paraissait dans un journal d’alpinisme indien. En lisant l’article, on apprenait que cette montagne se situe dans la vallée de l’Arwa (massif du Garhwal). Elle avait été prise par Harish Kapadia, un journaliste explorateur indien. L’alpiniste britannique Mick Fowler, grand amateur de découverte, se rendit au pied de la Tour de l’Arwa accompagné de Steve Sustad en avril 1999. Ils réussirent la première ascension de la tour par la face nord ouest, qui semblait être la plus évidente. Cependant plusieurs jours furent nécessaires pour gravir cette face où de grosses difficultés rocheuses et mixtes se succèdent.
Leur projet comprenait initialement l’ascension de l’Aiguille de l’Arwa toute proche mais ils durent renoncer faute de temps. L’année suivante en octobre, une équipe de bons alpinistes britanniques réussit la première ascension de cette aiguille par l’arête nord est cotée TD+. La face nord a aussi fait l’objet d’une tentative, le rocher de qualité douteuse fit rebrousser chemin aux grimpeurs.
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Le sommet et sa région
Le massif du Garwhal se situe au nord de la ville de Delhi. Généralement trois jours de bus sont nécessaires pour se rendre au pied des montagnes. Les principaux sommets de ce massif sont la célèbre Nanda Devi et le Kamet gravi par le Groupe Militaire de Haute Montagne en 1985. La vallée de l’Arwa, où nous installerons notre camp de base, se situe à l’une des sources du Gange.
Un trekking de trois jour depuis de Badrinath permettra aux grimpeurs de rejoindre le camp de base à plus de 4300 mètres d’altitude. Son emplacement dépendra de l’accès aux faces qui, d’après nos informations semble assez compliqué.
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Les objectifs
De nos jours l’évolution du matériel et des mentalités a modifié la façon d’aborder l’ascension des sommets himalayens. Les alpinistes qui gravissent les montagnes de plus de 6000 mètres utilisent une logistique beaucoup plus légère qu’il y a quelques dizaines d’années. Ils procèdent souvent de la même manière que lorsqu’ils sont dans les Alpes. C’est pourquoi on parle maintenant de « style alpin ». L’installation des cordes fixes et des camps d’altitude est supprimée. Les grimpeurs partent du camp de base avec le matériel nécessaire et ne rentrent qu’une fois l’ascension terminée. Le GMHM, envisage d’utiliser cette technique lors de l’expédition. C’est pourquoi le Groupe sera séparé en deux équipes réparties sur deux sommets : l’Arwa Tower et l’Arwa Spire. La face nord de l’Arwa Tower dépasse les 1000 mètres, plusieurs itinéraires à dominante rocher ou mixte sont possibles. Pour les 700 mètres de la face nord de l’Arwa Spire, on optera certainement pour un itinéraire mixte. Comme souvent ce sera la montagne qui dictera la voie.
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Les hommes
– Le Capitaine Antoine de CHOUDENS, 32 ans.
– Le Capitaine Thomas FAUCHEUR, 29 ans
– L’Adjudant Chef Philippe RENARD, 39 ans
– L’Adjudant Laurent MISTON, 34 ans
– Le Sergent François SAVARY, 28 ans
– Le Caporal Chef Grégory MUFFAT-JOLY, 30 ans
– Le Chasseur Emmanuel PELLISSIER, 27 ans
– Monsieur Dimitry Munoz, 28 ans
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Calendrier
– 22 avril 2002 Vol Lyon-Delhi
– 25 avril 2002 Départ en bus pour Badrinath ( 3 jours)
– 28 avril 2002 Début du trekking pour le camp de base (2 à 3 jours)
– 30 avril 2002 Installation du camp de base et acclimatation
– 2 mai 2002 Premières reconnaissances et préparation du matériel
– 6 mai 2002 Premières tentatives
– 24 mai 2002 Démontage du camp de base
– 25 mai 2002 Treking de retour
– 27 mai 2002 Retour en bus à Delhi
– 30 mai 2002 Retour en France
Carnet de bord
The end
20 mai 2002
Aujourd’hui, après plus de 15 jours sans nuages (quelle chance), le mauvais temps revient, les tentes sont sous le grésil et le vent les soulève…Tous les membres du Groupe se portent bien et ont hâte d’entamer le trekking de retour sur Badrinath. Deux jours après ils seront à Delhi.
Au total 4 nouveaux itinéraires et une répétition auront été effectués:
– 1 goulotte, 1000m, dont 300m de goulotte V/4+.
– 1 itinéraire mixte en face sud de l’Arwa Tower.
– 1 grande voie mixte sur un 6000 vierge de 1200m, TD+.
– 1 voie rocheuse sur l’Arwa Tower de 14 longueurs, 6b max.
Pour les internautes rendez-vous en septembre sur les pentes du Minya Konka dans la région du Sichuan (Chine).
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Pilier Guilhem Chaffiol
19 mai 2002
L’expédition se termine sur un double succès. L’équipe composée de Dimitry Munoz, Grégory Muffat-Joly, Laurent Miston et Antoine de Choudens a gravi le pilier nord ouest de l’Arwa Tower. Cette nouvelle voie comporte des passages jusqu’à 6b et atteint 600 mètres de haut. L’équipe a mis 3 jours pour en venir à bout. La voie ouverte sera appelée « Pilier Guilhem Chaffiol » en souvenir de notre camarade décédé lors du stage aspirant-guide 2002.
L’autre équipe composée de Thomas Faucheur, Manu Pellissier, François Savary et Philippe Renard a répété la voie anglaise sur l’Arwa Spire en deux jours seulement.
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De l’action !
13 mai 2002
Nous avons eu quelques problèmes de téléphone enfin résolus. Cette fin de semaine à été riche en réalisations diverses à « l’assaut » des sommets qui dominent le camp de base.
– 1er acte : vendredi 10 mai, depuis un camp de base avancé vers 5000m, Antoine, Laurent, Greg et Philippe ont tracé un nouvel itinéraire sur une face vierge à gauche de l’Arwa Tower, qu’ils ont nommé Arwa Crest. C’est une voie logique et esthétique d’environ 1150m, de difficulté TD+ (entre la face Nord des Courtes et celle des Droites). Retour au camp de base en milieu d’après midi.
– 2e acte : après avoir dormi dans ce même cirque glaciaire vers 5200m, Manu et François ont attaqué vendredi dans la nuit un couloir de neige évident (environ 800m) qui permet de prendre pied sur l’arête Est menant à l’Arwa Tower. Ils ont gravi une antécime de la montagne aussitôt baptisée Arwa Needdle et ont bivouaqué sur un plateau glaciaire vers 5900m. Le lendemain, direction Arwa Tower par la face sud sur 450 m de mixte avec 5 longueurs relevées sur la fin. Le sommet est atteint à 11h et ils posent leurs sacs au camp de base vers 20h.
– 3e acte : vendredi matin, Dimitry et Thomas sont partis de 5400 m passer un col à 5700m sous la face Nord de l’Arwa Tower et gagner les difficultés rocheuses de l’arête ouest. Deux longueurs de neige et de glace les attendaient avant un éperon rocheux qui les a conduit vers 6150m (difficultés jusqu’à 5), là où l’arête s’aplanit et se hérisse de gendarmes délicats à franchir. Une belle terrasse les a accueilli pour la nuit. Le lendemain, face aux difficultés de progression renforcées par un fort vent et une acclimatation imparfaite, ils se sont résolus à rallier le camp de base en milieu de journée.
Toute l’équipe passe un week-end de repos ; la phase d’acclimatation est terminée. Il va maintenant falloir aller se frotter à cette face Nord de l’Arwa Tower. Après concertation, Antoine, Greg, Dimitry et Laurent partiront pour la face nord ouvrir une nouvelle voie (type big wall) au dessus du col à 5700m, sur une sorte d’éperon assez compact qui va droit au sommet. Les quatre autres les aideront à porter du matériel au pied de la voie (portaledges, cordes …) et enchaîneront sur l’Arwa Spire, répéter l’éperon des Anglais ouvert l’an dernier (TD+, 800m de mixte). Ce soir le temps est couvert mais ça ne devrait pas nous empêcher de partir demain en direction de l’Arwa Tower.
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Début des reconnaissances
8 mai 2002
Aujourd’hui repos pour tout le GMHM. L’ambiance est très bonne. Le temps est toujours au beau, les conditions de gel restent correctes mais la neige fond très vite et certains d’entre nous ont dû déplacer leurs tentes car l’eau avait envahi l’emplacement ! Nous avons commencé par approcher l’Arwa Tower de manière indirecte afin d’évaluer les possibilités d’ascension :
– Manu et François ont gravi une goulotte de 300m pour atteindre les 5315m d’un sommet voisin,
– Philippe, Laurent et Greg ont effectué un raid à ski de 20 km autour des aiguilles d’Arwa,
– Antoine, Dimitri et Thomas sont montés à 5700m jusqu’au col situé au pied de la face nord de l’Arwa Tower. Antoine a prolongé sont chemin jusqu’à un promontoire de 6059m d’où il a pu observer la face.
Au retour, un point situation a permis de redéfinir nos objectifs : une équipe suisse est actuellement sur le sommet de l’Arwa Spire qui présente par ailleurs une face mixte très sèche. Nous avons renoncé à ce sommet pour concentrer notre action sur les 900m de mixte et surtout rocheux de la face nord de l’Arwa Tower, et les 500 m de son éperon Nord, deux itinéraires à grosses difficultés techniques.
Dès demain, tout le GMHM se retrouve sur le bassin de l’Arwa Tower pour peaufiner l’acclimatation de chacun. Au programme : un sommet vierge voisin (6193m), l’arête ouest de l’Arwa Tower et sa face nord, suivis de l’arête est du même sommet.
Après un ou deux jours de repos, nous nous attaquerons à la face nord de l’Arwa Tower.
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Enfin le camp de base
5 mai 2002
Premier jour au camp de base. Enfin nous voila à pied d’oeuvre ! Grâce aux grosses quantités de neige et à une agence de porteurs particulièrement incompétente, il semble que nous ayons battu tous les records pour atteindre le camp de base : 12 jours au lieu des 3 initialement prévus !!!
Aujourd’hui nous avons effectué une reconnaissance en direction de l’Arwa Tower situé à environ 2 heures de marche et 1000 mètres de dénivelé du camp de base. La face est vraiment superbe et laisse entrevoir de belles possibilités pour une voie avec de l’escalade libre, du mixte et de l’artif.
Toute la journée les rotations ont continué pour monter nos charges jusqu’au camp de base. Ce soir, il en manque encore quelques unes mais nous ne désespérons pas.
Le programme pour les journées à venir : Manu et François partent demain matin pour tenter de faire une goulotte droit au dessus du camp. Le reste du Groupe prévoit de monter s’acclimater vers l’Arwa Tower en passant une nuit vers 5000 m.
Le moral est bon, la météo semble se maintenir et les possibilités sont énormes. Le séjour s’annonce passionnant.
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Début du trekking
30 avril 2002
Aujourd’hui, sur le plan de la progression, nous n’avons pu faire qu’une reconnaissance vers le site de Gastholi (3900m) depuis le camp que nous avons posé hier à 3600m. L’étape aurait dû se faire en une journée mais la neige nous a retardés, et face aux difficultés, 25 porteurs ont abandonné. Notre matériel est désormais étalé sur toute la distance entre Badrinath et Gastholi, soit 15 km de pentes avalancheuses. Brainstorming obligatoire ce soir autour du thème « comment monter 75 charges avec seulement 15 porteurs ? ».
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Bains d’eau chaude dans la ville sainte
28 avril 2002
Aujourd’hui nous avons enfin réussi à réintégrer notre bus. Après 3 heures de voyage, la route coupée par les avalanches nous a contraints à stopper le moteur. Il y a vraiment beaucoup de neige cette année et il sera probablement difficile de rejoindre le camp de base à 4300 m d’altitude. Demain nous attaquons le voyage à pied jusqu’à Gastoli (3900 m). Pour la suite il nous faudra partir en repérages ! En attendant nous découvrons Badrinath, ville de pèlerinage qui abrite une des trois sources du Gange (Alaknanda). Côté ambiance, à part quelques Saddhus qui restent ici pour méditer, le côté « ville fantôme » nous laisse supposer que la fréquentation est bien plus élevée en été. Bonne surprise : la découverte de sources d’eau chaude dans lesquelles nous avons pu nous baigner.
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Standby à Yoshimath
27 avril 2002
Après avoir quitté Dehli et ses 37°C (la nuit !), nous avons pris mercredi la route du nord vers Rishikech, notre première étape aux portes de l’Himalaya. Le lendemain, le bus nous a embarqué pour 250 kilomètres (parcourus en 12 heures !) dans une ambiance digne du « Salaire de la peur ». Il valait mieux être installé côté montagne, de l’autre côté, la vue plongeante vers le Gange était impressionnante. Depuis hier, nous sommes à Yoshimath (1800m) aux prises avec un petit chef de district zélé, qui nous empêche de parcourir les 40 derniers kilomètres de route. Nous nous enlisons avec désespoir dans les lourdeurs administratives. Nous espérons pouvoir bientôt repartir pour Badrinath point de départ des trois jours de marche jusqu’au camp de base .
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Départ de Delhi
24 avril 2002
Après 2 jours de formalités administratives à Delhi, nous sommes prêts à partir en direction de la montagne. Deux à trois jours de bus nous attendent pour rejoindre Josimath. Apparemment, il y a eu beaucoup de neige cet hiver et certaines routes sont toujours coupées. Les conditions devraient être bonnes…. Tout le monde va bien, pas encore de « tourista », mais ca ne saurait tarder !
