Adjoint au groupe, ayant une appétence particulière pour le paralpinisme depuis mon arrivée, et en charge de préparer les commandos au Groenland l’année dernière, je n’avais jusque-là pas encore pu partager d’hivernale dans le massif avec les grimpeurs.
J’ai sauté sur l’occasion de me faire une première expérience durant l’anticyclone de janvier.
Qu’on soit capitaine ou sergent-chef, faire ses classes au GMHM c’est dur !
Dimanche 24 et lundi 25 janvier, nous nous lançons à deux cordées pour gravir la directissime Grassi en face sud des Jorasses. Pour deux d’entre nous, moins expérimentés, ce fut le théâtre d’un bon apprentissage, dans une super ambiance malgré la douleur et les ‘petites’ erreurs de débutants !
Voici donc quelques astuces et erreurs à éviter pour bien réussir sa première hivernale.
1. Ne pas partir pour 2800m de dénivelé avec une caisse de poulet (sans entrainement physique) et sans acclimatation à l’altitude. Oui oui, je l’ai fait. Ça passe mais ça pique. A trop rester derrière le clavier on finit par s’empâter !
2. Ne pas hésiter à demander aux copains qui savent, plutôt que de penser qu’on sait, surtout quand on ne sait pas ! Vous allez comprendre de quoi je veux parler !
3. Prendre le temps de régler ses snowplak® (raquette légère) pour réussir à les utiliser plutôt que de les balader comme un gros porte clé sur son sac, juste parce qu’on pensait savoir-faire.
4. Tester son matériel avant de partir plutôt que de se rendre compte in situ que la deuxième batterie qu’on a commandé pour sa frontale n’est en fait pas le bon modèle… ça évitera peut être de pester contre la terre entière vers minuit dans des longueurs de glace déjà raides de jour et encore plus déversantes de nuit !
5. L’eau en hiver ça gèle ! Ne pas analyser tout seul le choix du matériel à emporter, mais en parler afin de ne pas faire l’impasse sur son thermos pour gagner du poids, comme si on partait à la journée en plein été. Ça a beau être une face sud, ça ne passe pas large !
6. Toujours avoir un grimpeur « arme secrète » pour passer la rimaye qui s’est effondrée. On perd 2h, on voit un beau vol et on apprend des techniques d’artif insoupçonnées à base de piolets plantés dans des champignons de neige plaquée. Mais surtout ça permet de ne pas buter avant même d’avoir commencé !
7. Éviter d’allumer son réchaud trop près du matelas ultraléger qui ne demande qu’à fondre.
8. La bouillote : Ne jamais faire confiance au satané zip du lyophilisé qui ne demande qu’à inonder la doudoune de riz au poulet, qui pourtant au début vous réchauffez comme jamais !
Je ne vous dirais évidemment pas qui a fait quoi. J’en ai déjà trop dit !
Au bilan, cette belle course nous aura tout de même permis un beau moment de partage d’expérience et de camaraderie au sein du Groupe et… de débriefing ‘constructif’ au retour de la course !
Cerise sur le gâteau, tout le monde a pu décoller en parapente sous le sommet, nous évitant ainsi 4h de descente et quelques années d’économie de cartilage…
Bon en matière de parapente je pourrais vous proposer quelques astuces et erreur à éviter… mais je préfère en rester là !
Cne Piotrowski