Introduction
Depuis l’ouverture des républiques d’Asie centrale, le Kirghizstan est en train de devenir une destination privilégiée pour les alpinistes avides de découvrir des régions peu parcourues.
Le Kokshall-Too répond à ces attentes: située à l’est du Tien-Shan, cette région est l’une des dernières chaînes inexplorée du Kirghiztan.
C’est un rapport paru dans l’American Alpine Journal qui nous a attiré dans cette région, un endroit peu connu où de nombreuses premières restent à faire, particulièrement pour des escalades de type « Big wall ».
Pour le GMHM, c’est avant tout l’occasion de « repartir ».
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La région
La région du Kokshall-Too est située au sud du lac Issy-Kul et s’étend sur plus de 400 kilomètres sur la frontière chinoise. 17 sommets font plus de 5000 mètres et 60 sont au dessus de 4000. Le plus élevé est le Dankov (5982m) situé à l’est du massif.
Longtemps fermée à cause des tensions entre la Chine et l’URSS, et sans doute à cause du climat, du peu de ressources naturelles et de son éloignement des grandes villes, cette région est très isolée.
Après quelques expéditions russes qui réaliseront les ascensions des sommets principaux, il faudra attendre les années 90 pour que l’exploration de cette région sopit plus approfondie.
La période favorable pour pratiquer l’alpinisme est l’été, saison où malgré tout le climat y est rude et souvent instable.
L’accès est assez original puisqu’il se fait en camion de l’ex-armée soviétique à six roues motrices, qui permettent de s’affranchir des pistes et de traverser directement la steppe des hauts plateaux.
Depuis Bichkek, l’accès se fait en deux ou trois jours suivant l’état des routes, avec une étape à Naryn. Il faut ensuite franchir le Dollon Pass, le Kassybell Pass et le Kinda Pass pour accéder à la région du Kokshall-Too. Les camions vont jusqu’au camp de base.
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Le projet
Le projet initial était d’ouvrir une nouvelle voie sur la face sud du Kyzil Aser (5496 m) mais cette face est située en Chineet nous n’avons pas eut l’autorisation de traverser la frontière.
Nous nous sommes donc orienté sur le Pic Sabor, a proximité de la face nord du Kyzil Asker. Ce sommet présente une face rocheuse de 800 mètres de haut.
Un deuxième objectif possible est l’Ochre Wall à la même distance du camp de base que le Pic Sabor, c’est aussi un big wall, une voie a déjà été faite par une équipe espagnole mais il reste de la place pour un nouvel itinéraire.
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Les membres de l’expédition
– Le Capitaine Thomas Faucheur, 31 ans
– Le Sergent-Chef François Savary, 29 ans
– Le Caporal Emmanuel Pellisier, 28 ans
– Le Médecin Principal Jérôme Blaise, 35 ans
Les renforts :
– Le Lieutenant Lionel Albrieux, 32 ans
– Le Sergent-Chef Guillaume Baillerger, 32 ans
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Calendrier de l’expédition
– 10 juillet 2004 Vol Lyon-Bichkek
– 12 juillet 2004 Transfert Bichkek-Naryn (360 km)
– 13 juillet 2004 Transfert Naryn-Camp de base (240 km, 3850 m)
– 14 juillet 2004 Installation du camp de base
– 15 juillet 2004 Reconnaissances et installation d’un camp de base avancé
– 18 juillet 2004 Portages de matériel au camp de base avancé
– 20 juillet 2004 Début de l’ascension
– 02 aout 2004 Démontage du camp de base avancé
– 04 aout 2004 Démontage du camp de base
– 05 aout 2004 Transfert camp de base-Naryn
– 06 aout 2004 Transfert Naryn-Bichkek
– 07 aout 2004 Vol Bichkek-Lyon
Carnet de bord
The end
06 août 2004
Première Expé avec le Groupe qui se termine avec la magnifique arête nord du Pic Sabor, à défaut de la face Ouest, ou j’ai quand même fait mon premier canyon engagé un soir à 18 heures, après avoir largué les sacs trempés d’une hauteur de 300 m.
Sacrée expérience aussi bien sur le plan montagne que humain.
Trois semaines riches en rebondissements qui ont été épuisantes tant par les portages dans la neige profonde que la météo exécrable.
Merci à tous et à très bientôt.
GUILLAUME (Serge)
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Epilogue
05 août 2004
Ça y est l’expédition se termine, tout le monde est ce soir au camp de base.
Nous voulions partir dans un endroit méconnu, un peu en dehors des sentiers battus et nous n’avons pas été déçus.
C’est une drôle d’expédition que nous avons vécu, une face à 13 kilomètres du camp de base, une météo moyenne voire très mauvaise pendant deux jours au début. Une face qui aurait pu se prêter à du beau libre si elle avait été mieux exposée et sous d’autres latitudes.
Pourtant nous n’avons pas chômés et nous y avons cru jusqu’à la fin, dommage!
Ce massif est vraiment superbe nous n’avons pas croisé âme qui vive pendant trois semaines à part quelques mouflons de « Marco Polo ». Pour la plupart les sommets ont été gravi cependant il reste de nombreux itinéraires à ouvrir de tous types. Toutefois la météo souvent changeante ne laisse pas trop de possibilités pour des ascensions sur plusieurs jours.
Avis à ceux qui recherchent « l’Aventure ».
A bientôt.
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Remerciement
04 août 2004
A tous ceux qui nous soutiennent.
A celles qui nous supportent, elles ont vraiment du mérite
A la base arrière de l’École Militaire de Haute Montagne (Tony Sbalbi, Alexandra Pottier)
A la société Millet pour ses ensembles gore-tex qui ont été largement utilisés
A David Autheman pour les news sur son site de Tvmountain que nous recommandons
Au SSA pour sa pommade cicatrisante
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Retour au camp de base
01 août 2004
Bonjour à tous,
Après 15 jours de détention provisoire au camp de base avancé avec Lionel nous voici revenu au camp de base.
Récapitulons les évènements de cette semaine passée:
– Après la participation de tous à la préparation de l’ascension du big wall dans la face nord du Pic Sabor, l’équipe se séparait en deux, Guillaume, François et Manu partaient pour un voyage dans le mur du Pic Sabor tandis que Lionel et moi même partions à la découverte des sommets environnants. Ne voulant pas rester en reste une arête mixte sur le Pic Sabor nous attirait particulièrement.
– Pendant que les autres continuent l’ascension nous faisons une reconnaissance et remontons une première partie d’arête, de là il est trop tard pour continuer vers le sommet, un couloir que nous n’avions pas vu au départ nous ramène facilement sur le glacier. Le soir l’ascension du big wall se terminera « noyée », il faut absolument en découdre avec ce Pic Sabor d’une autre façon.
– Après deux jours de temps mitigé, nous repartons pour terminer cette arête. C’est chose faite hier nous atteignons le sommet vers 16H00 dans un temps maussade voir mauvais. L’arête est intéressante, mixte avec quelques longueurs d’escalade et beaucoup de recherche d’itinéraire. Mais c’est surtout l’isolement qui fait son charme et le coté sauvage de ce massif. Seuls deux écossais sont montés au Pic Sabor (en 2002) sans doute par cette même voie.
– Aujourd’hui les 3 autres membres de l’équipe ont eux aussi réussi l’ascension dans un temps franchement mauvais ce soir ils sont redescendus au camp de base avancé et redescendent demain avec le reste du matériel. De nouvelles photos devraient suivre.
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Camp avancé 4100 m et face ouest du pic Sabor
26 juillet 2004
Bonjour à tous !
Le temps se maintient finalement et a permis de poursuivre l’ascension. La progression au cours de ces 3 derniers jours s’est faite au rythme d’une cinquantaine de mètres par jour car les fissures sont encombrées de glace et de neige. Successivement Thomas et Guillaume, ainsi que Manu, François et Lionel, se sont relayés pour fixer ces 150 premiers mètres, en redescendant dormir le soir au camp avancé. La face doit faire approximativement 750 m. Tout le matériel nécessaire (vivres, portaledges etc…) a déjà été monté, et dés que le beau temps semblera installé pur de bon, 3 grimpeurs partiront dans la face.
A bientôt pour des nouvelles de l’ascension et des commentaires presque en direct des grimpeurs !
PS. Un contact nous écrit :avez-vous goûté le KOUMIS ?
Effectivement, le koumis, boisson à base de lait fermenté de jument, légèrement alcoolisé, très aigre, représente l’orgueil national du Kirghizstan. Il est réputé pour être très rafraîchissant, et est sensé soulager douleurs, souffrances et mal des montagnes ! Certains d’entre nous ont (courageusement) goûté le koumis…
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Quelques nouvelles
23 juillet 2004
Bonjour à tous, voici quelques nouvelles (+ rectificatifs !) du GMHM concernant son projet d’ascension de la face nord du pic Sabor (4850 m) :
Tout d’abord, le temps ici est capricieux… 4 jours de beau temps ont permis d’établir un camp avancé sur la moraine à 4150 m (soit à 1h30 de marche du pied de la face) et jeudi, Thomas et Guillaume ont fixé 3 longueurs avant de redescendre dormir aux tentes. Le même jour, François, Manu et Lionel ont terminé les portages et ont retrouvé le doc et Sergueï (notre cuistot) qui ont fait l’aller/retour depuis le camp de base.Mais aujourd’hui nouvelle perturbation qui devrait se prolonger jusqu’au 25 ou 26…
La face est belle, l’endroit est sauvage, tout le monde est en forme, ne manque que le soleil !
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A pied d’œuvre
21 juillet 2004
Le soleil est de retour ! Montée donc hier pour tout le monde vers le camp avancé à 3950 m d’altitude, assez pénible sous une forte chaleur et dans une neige molle. Tout le matériel, vivres etc… est maintenant à pied d’œuvre.
Retour du doc avec les 4 porteurs le soir même au CB. La liaison du CB avec les grimpeurs se maintient grâce au téléphone satellite.
A bientôt, dés que possible pour des nouvelles de l’ascension,
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Arrivée du mauvais temps au camp de base avancé
19 juillet 2004
bonjours à tous,
Après un début d’expé sur les chapeaux de roues, notre activité est quasiment réduite à néant pour le moment.
En effet après être monté jusqu’au camp avancé non loin du pied de la face le 16, nous nous sommes réveillé sous 30 cm de neige. Le 17 nous avons rejoint le camp de base et depuis ce jour il n’a cessé de neiger, (un peu plus d’un mètre).
La quasi intégralité du matériel technique se trouve donc à pied d’œuvre ainsi qu’une bonne quantité de nourriture pour l’ascension.Le camp avancé se trouve à environ 4h00 de marche du camp de base.
La face nord du pic Sabor est une face granitique très raide qui offre plusieurs options pour l’escalade.
l’envie d’aller en découdre avec ce granit monte au fur et a mesure que le temps passe.
En attendant, le temps passe entre jeux de société et séance dvd sur l’ordinateur.
Ce matin il semblerait que le temps veuille bien s’améliorer… Peut être que demain nous pourrons remonter là haut.
A bientôt
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Arrivée
16 juillet 2004
Pour l’instant le pays correspond largement à nos attentes très peu de monde des sommets peu fréquentés, une population très accueillante. Depuis l’arrivée du gros de l’équipe dimanche matin très tôt à Bishkek (la capitale), nous n’avons pas perdu de temps malgré quelques mésaventures qui sont le lot de toutes les expéditions.
Lundi matin conférence de presse au ministère de la défense kirghize, début d’après midi départ pour Naryn une grosse ville du pays située à 350 km au sud de Bishkek arrivée tardive.
Mardi récupération du sac de Guillaume égaré par la superbe compagnie aérienne Bri… Air… , on reporte le départ au lendemain car l’étape suivante est longue.
Mercredi, 3h00 du matin départ pour le camp de base. Long et fatiguant.
Cependant les paysages sont superbes et très sauvages. Petit souci, nous ne pouvons aller au camp de base prévu initialement.
Jeudi nous tentons d’aller voir en camion si il est possible d’aller au camp de base, l’itinéraire est délicat, il y a de nombreux risques de s’embourber (ce que nous ne manquons pas de faire) et notre équipe russe n’est pas très chaude pour s’y rendre. Nous resterons donc sur notre bivouac initial qui deviendra le camp de base, un peu plus éloigné de la face.
Le temps est moyen et nous avons du mal à distinguer les sommets. Espérons que ça va s’améliorer.
Demain nous partons faire une reconnaissance vers le Pic Sabor (et plus si affinité) en emportant pas mal de matériel.
