Lionel Mailly

dit « Yoyo »

Date naissance : 15 février 1959 à Sannois (95)

Quand et pendant combien de temps êtes vous resté au GMHM ?

Arrivée début janvier 1984, j’y suis resté jusqu’au départ du Groupe pour l’expédition à l’Everest
1993. Blessé et handicapé à titre permanent et définitif, j’ai mis fin à ma carrière militaire. Donc un peu moins de 10 années.

Comment êtes vous arrivé au GMHM ?

Issue de la SEM 31 puis affecté au 27e BCA, j’ai rejoint l’EMHM à l’automne 1981. Lorsque Dominique SEGUIER a quitté le Groupe , il m’a proposé la place. Le capitaine MARMIER a accepté ce parrainage.


Quel était votre rôle au sein du Groupe ?

Responsable équipement et matériel, mise en place de l’informatique pour la gestion du matériel.

Que pensez vous que votre passage au Groupe vous a apporté ?

Membre du groupe durant la transition de l’ère MARMIER / ESTEVE: Ces 2 Chefs emblématiques, précurseurs, visionnaires et inspirants m’ont accordé toute leur confiance. Ils ont su mettre en avant mon sens du dépassement de soi, du collectif et de l’humilité. Se mettre à la disposition d’un groupe d’ élite pour atteindre un objectif commun.


À quelles expéditions du Groupe avez vous participé ?

Alaska, Kabru Peak et incursion au Sikkim pour une reconnaissance du Kanchenjunga, Kamet, Lhotse Shar, Pérou, Dhaulaghiri, Gasherbrum 1, Aconcagua.

Aviez vous un domaine de compétence spécifique en montagne (ou en dehors) au sein du Groupe ?

Plutôt polyvalent, plus performant en terrain mixte et en altitude. Tourné vers les autres, mon esprit collectif est très prononcé. Un petit côté trop audacieux pour palier un niveau technique moindre m’ a parfois placé dans des situations causasses ! Création d’une patrouille de ski alpinisme au sein du groupe, avec Philippe RENARD, membres de la première équipe de France de ski alpinisme.

Comment les décisions étaient-elles prises au Groupe ?

Durant cette période transitoire entre Himalayisme et nouvelles pratiques ( troisième dimension) , toutes innovations étaient les bienvenues. Alain ESTEVE, notre Leader en la matière, était notre chef d’orchestre. Pour les expéditions chacun avait un rôle particulier pour la préparation. Pour l’ascension les équipes étaient pré définies à l’avance, pas toujours dans la concertation. Les circonstances du déroulement de l’expédition faisaient le reste. Etre responsable du matériel au camp de base et chef d’équipe n’est une mince affaire!


Pouvez vous nous faire partager une expérience marquante que vous avez vécu au Groupe ?


1- Au cours de notre tentative avortée au Dhaulaghiri («2 sherpas DCD dans une avalanche) , J’ai été rapatrié sanitaire à cause d’un œdème pulmonaire. Rien n’est acquis d’avance, étranges sentiments : Honte, frustration, remise en question.
2- En marge des missions traditionnelles du Groupe, j’ai été responsable de l’opération « Samedi Passion » pour encadrer l’équipe d’Antenne 2, de G. HOLTZ: « Ascension du Mont-Blanc ». Cette opération fut une très belle opportunité médiatique pour l’Armée et le GMHM.
Invité d’honneur, à mon insu, Mr Maurice BACQUET et son violoncelle, nous avait rejoint avec ma future épouse, pour la dernière nuit au refuge des Grands Mulets: Cadeau de mariage! Cerise sur le gâteau, le jour et l’heure de la diffusion de l’émission correspondaient au jour de mon mariage!

Une histoire qui vous fait sourire ?

Lhotse Star. À quelques encablures du sommet la météo nous oblige à faire demi tour. Avec Nima NORBU, nous essayons malgré tout de faire quelques photos et des prises de vue avec la caméra. Malheureusement, le film ne sera pas exploitable. Ivresse de l’altitude.


Pouvez vous nous parler d’une anecdote d’expé en particulier ?

Mont Hunter. Malgré le mauvais temps, le sommet est atteint non sans déboire; courte nuit sous le sommet dans un ersatz d’ igloo improvisé. A la descente nous cherchons en vain la tente de notre premier camp. Tout s’est envolé avec la tempête: pas de réchaud, pas de nourriture! La seule option est la descente sans interruption malgré des conditions de neige plus que limite.

Quel est votre meilleur souvenir au Groupe ?

Au delà des liens d’amitiés avec la plupart de mes compagnons de cordée, ma rencontre avec Tensing NORGAY à Darjeeling. Grace à Jean Claude, nous (avec François LERAY) avons été invité à boire le thé Tibétain chez notre hôte, dans sa modeste demeure.

Comment caractérisez vous le GMHM aujourd’hui ?

Je n’ai pas gardé de lien avec le Groupe New Wave mais je reste admiratif du niveau de compétences .

Quel est à votre avis le principal enjeu du GMHM pour les prochaines années ?

Le rayonnement: Il pousse à l’innovation, à la remise en question, au perfectionnement…Par résonance, au partage et à la transmission.

Souhaitez vous évoquer quelque chose en particulier dont nous n’avons pas parlé ?

Cette étape dans mon parcours de vie m’a appris l’abnégation, l’adaptation, le dépassement de soi… Depuis ce passage dans l’excellence, j’éprouve le besoin de transmettre et de partager. L’inclusion des personnes en situation de handicap (dans les sports de montagne, le ski en particulier) est mon moteur professionnel.

Milles pensées à nos amis disparus