L’expédition :
Comme lors de ses dernières expéditions, l’équipe n’aura recours ni à l’oxygène, ni aux cordes fixes, ni à l’aide de porteurs d’altitude. Cette pratique en autonomie, minimisant l’impact environnemental, s’appelle style Alpin. Cette technique est considérée comme plus pure et moins couteuse car les alpinistes se chargent le moins possible afin d’être légers et rapides.
Cette année deux membres du Groupe Militaire de Haute Montagne s’associent à deux grimpeurs civils de haut niveau. Cette équipe souhaite mettre en commun sa forte expérience de la haute altitude pour relever ce défi de taille.
Evidement les conditions dicteront sur place le choix de l’itinéraire et de la tactique d’ascension. L’objectif principal sera d’ouvrir une nouvelle voie mixte en Face Sud Ouest. Bien sûr d’autres alternatives seront envisagées en cas de météo défavorable.
La préparation :
Forte de l’expérience des dernières années, l’équipe a rationalisé son entrainement : la nutrition, le physique et la technique sont combinés lors d’entrainements communs dans les Alpes. Sa connaissance mutuelle, son expérience de la haute altitude associées à cet entrainement très poussé, en font une équipe extrêmement soudée et mature. Ainsi, elle est prête pour se confronter à de grandes difficultés en gérant au mieux les risques.
Les membres de l’expédition :
Equipe commandement :
Chef d’expédition : Commandant Igonenc Jean Yves (Guide de haute montagne)
Médecin : Médecin principal Benoit Ginon
Equipe alpinistes :
Adjudant Moatti Sébastien (Guide de haute montagne)
Caporal-Chef Ratel Sébastien (Aspirant Guide)
Monsieur Maynadier Mathieu (Guide de haute montagne)
Monsieur Labbre Pierre (Guide de haute montagne)
Le programme :
13 Septembre : Décollage de Genève pour Kathmandou.
16 Septembre : Début de l’acclimatation sur le Parchermo, 6272m.
27 Septembre : Fin d’acclimatation et retour sur Thamée.
30 Septembre : Arrivée au camp de base du Nangpai Gosum et installation du camp de base avancé.
22 Octobre : Fin de fenêtre pour l’ascension et retour sur Kathmandou.
28 Octobre : Retour en France.
Carnet de bord
Retour vers le camp de base avancé
17 octobre 2016
Dernières infos du camp de base, l’équipe qui était vers 6700m à la mi journée doit redescendre car Mathieu Maynadier a reçu un bloc de glace sur le bras. Il n’y a rien de cassé mais l’hematome l’empêche de grimper dans des longueurs techniques : c’est pour cela qu’ils redescendent. Ils profitent de la bonne visibilité (pleine lune et beau temps) et du gel pour redescendre cette nuit au camp de base avancée où ils seront rejoint par le reste de l’expédition (chef, médecin et porteurs).
La base arrière du Groupe.
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Départ imminent dans la face
14 octobre 2016
« Vendredi 14 octobre.
Douzième jour au camp de base.
Cinquième jour de beau temps.
Cinquième jour de vent violent au sommet du Nanpai Gosum.
Tous les jours nous guettons l’arrivée du bulletin météorologique à la recherche d’un créneau d’ascension.
L’attente est longue mais la patience est de rigueur. Les activités pour tuer le temps sont variées, nous en avons filmées quelques-unes…
15 heures au camp de base, l’appel téléphonique, que nous venons de passer à Yann de Météo France, confirme la baisse de la vitesse du vent qui se profilait depuis quelques jours. Le jour le moins venté pour être au sommet serait mardi, et pour être plus précis, au environ de midi.
Après des jours et pour certains des nuits d’observation de la face, le plan d’ascension est maintenant bien défini.
Si tout va bien, il doit se dérouler de la manière suivante :
Samedi 15 : déplacement vers le camp de base avancé.
Dimanche 16 : montée au camp 1 (6200m), situé sous un abri rocheux, que nous avons reconnu la semaine dernière.
Lundi 17 : franchissement des principales difficultés pour aller ensuite rejoindre le camp 2 (estimé entre 6800 et 6900m) situé sur une fine arrête de neige.
Mardi 18 : départ nocturne pour tenter de rejoindre le sommet vers midi afin de bénéficier des conditions de vent les plus favorables. Puis retour au camp 2.
Mercredi 19 : descente du camp 2 au camp de base avancé si les conditions de la face le permettent.
Les vivres de courses ont été conditionnés en fonction de ce déroulement.
Le froid de ces derniers jours a maintenu la face en bonnes conditions.
Le moral est excellent, y a plus qu’à, comme on dit !! »
Jean-Yves Igonenc
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1er contact avec la face
7 octobre 2016
Après deux jours de marche depuis Thamé nous découvrons le camp de base installé la veille par une partie de l’équipe népalaise. L’endroit est ouvert, la vue saisissante sur les sommets alentours et sur la face scintillante que nous prétendons gravir. L’altitude est de 5200m, c’est la limite de la végétation et les tentes sont anarchiquement disséminées dans un oasis gazonné au milieu d’un océan minéral. Un petit torrent serpentant à quelques mètres du camp et quelques fleurs apportent leur touche de poésie à ce bucolique tableau. Pour le côté pragmatique, l’endroit bénéficie d’un ensoleillement généreux, aussi indispensable au moral qu’a la production d’électricité. L’eau courante simplifie grandement le quotidien. Vous l’aurez compris, le confort n’est pas négligé et nous sommes loin d’être à plaindre dans cet environnement grandiose.
Une première journée est consacrée à la finalisation de l’installation électrique, au tri du matériel et de la nourriture. La météo n’est pas exceptionnelle mais laisse envisager une incursion dans la face du Nangpai gosum.
Nous partons donc dès le lendemain vers le camp de base avancé aidé dans le portage par l’équipe locale ainsi que jean Yves et Benoit. Cette partie est absolument déplaisante, il faut prendre pied sur le glacier en descendant une moraine mouvante puis cheminer au mieux à travers de gros blocs instables pendant plusieurs heures. Le camp de base avancé serait idéalement installé au pied de la face mais séracs et grosses quantités de neige offrent un cocktail dont nous préférons nous éloigner. Nous consentons une approche plus longue de trente minutes au profit d’un emplacement plus sûr pour nos tentes. Un rapide au revoir et nous nous retrouvons à 4 grimpeurs et une grosse montagne au-dessus de la tête.
Il est trois heures du matin lorsque le réveil sonne. Un coup d’œil à l’extérieur pour constater un épais brouillard qui nous inciterait presque à replonger dans le douillet de nos sacs de couchage. Un sursaut de motivation nous permet de sortir de la tente, le ciel se dégage. Une lune famélique peine à nous éclairer et nous coute quelques errements sur un glacier sans repères. Malgré tout, nous troquons rapidement bâtons contre piolets et allégeons nos sacs des cordes, crampons et autres accessoires barbares pour les rendre à leur vocation de verticalité.
Les heures suivantes ont été résumées par Antoine Bletton dans son chef d’œuvre littéraire : « pied droit, pied gauche… ». La montagne se redresse à mesure que le soleil prend possession des lieux et nous rejoignons un endroit abrité de tous les projectiles que peuvent engendrer 1500 mètres de neige, glace et rocher exécrables par une température saharienne. Il est encore tôt et nous sommes circonspects à l’idée de façonner ici un emplacement correct pour deux petites tentes. Quelques heures de labeur épuisant nous sont nécessaires mais le résultat est convainquant. Ces plateformes seront les bienvenues lors de notre prochaine visite car la décision est prise de descendre le jour même. La face se nimbe d’un épais brouillard qui stoppe la convection et les chutes de pierre et de neige qui s’y associent. Rassurés, nous nous élançons dans les rappels mais quelques rayons de soleil s’immiscent au travers des nuages et déclenchent des salves de pierres qui nous rappellent à l’ordre. Le soleil descend plus vite que nous et la nuit prend rapidement possession de la montagne, figeant dans la glace la dangereuse canonnade. Les gestes de rappels se succèdent machinalement et presque sans nous en rendre compte nous revenons à notre point de départ puis nous nous effondrons dans les tentes du camp de base avancé.
Au matin, la résolution de rentrer tranquillement s’évince dès les premiers pas. L’attraction du camp de base et l’émulation engendre un retour au pas de course à travers le chaos de blocs. L’accueil est conforme à nos attentes et nous passons d’une marche effrénée à une oisiveté quasi-totale. Tendi, le maître des lieux et également le plus savoyard des sherpas connaît nos faiblesses et sait nous gâter à force de reblochons et autres friandises absolument improbables au fin fond du Khumbu.
Le rythme d’une expé est dicté par la météo. Celle-ci nous offre cinq jours de repos ou la plus grande préoccupation, outre quelques douches et une lessive, est de ne rien faire pour favoriser une récupération maximum. Les joueurs de cartes s’amusent à jouer aux cartes tandis que les non joueurs s’amusent à regarder les joueurs de cartes. On lit, on écoute de la musique, parfois on regarde un film. La vie au camp de base est bien agréable en attendant le prochain sursaut de beau temps.
Adj Moatti, camp de base du Nangpai Gosum.
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Phase d’acclimatation
1 octobre 2016
Nous quittons Thamé mercredi 21 sous une pluie dense pour Tengbo (4230m), dernier village de la vallée du Parchermo. Nous mettons 1h30, ce qui est à peu près le temps que met le fils de notre logeuse, agé de dix ans, pour se rendre quotidiennement a l’école de Thamé. Nous sommes donc au niveau.
Le village fait face à l’impressionnante paroi du Tengkanpoche et s’étale en parcelles d’élevage et de cultures particulièrement variées. La mousson s’étire cette année et Yann ne nous prévoit pas beaucoup de beau temps pour les jours à venir. Malheureusement il a raison. le lendemain nous allons repérer notre camp de base d’acclimatation à Ngole vers 4900m où se trouve la dernière cabane avant le col du Trashi Lapsa.
L’après midi est consacrée, comme bien souvent aux activités ludiques qui nous permettent de nous évader et d’oublier ainsi la pluie et la brume trop tenaces pour partir en montagne. Je remercie vivement Benoit et Mathieu de toujours trouver un moyen de perdre à la belote, ce qui nous permet de garder (pour seb Ratel et moi) un bon moral. C’est étonnant à quel point en fin de partie, de lecture ou de films, on se surprend soi même à devoir reprendre ses esprits pour se rendre compte de la réelle situation, un peu sombre ces temps ci.
Néanmoins l’objectif est seulement de s’acclimater, donc rien d’alarmant. Nous montons le vendredi 23 à Ngole pour y établir un camp de base provisoire. Le samedi 24 nous nous reposons dans une ambiance bien humide et l’après midi du 25, c’est armés de parapluies, que nous entamons en autonomie l’ascension du Pachermo (6270m) que nous avons prévu d’étaler sur 5 jours pour bien nous acclimater. Le premier bivouac, à 5250m, se situe sur un rognon rocheux déjà terrassé. A partir de ce moment notre position principale sera horizontale. Une des particularité de l’acclimatation réside dans le fait que pour compenser le mauvais sommeil, il faut faire de longues nuits. On fait durer l’inconfort en somme…
Pour rejoindre le col du Trashi Lapsa (5750m), au pied du Pachermo, il faut franchir un passage technique mais sinon l’itinéraire est court. Trop court à notre gout c’est pourquoi nous profitons de la brume pour nous égarer a la recherche du « passage » et ainsi faire durer le plaisir de la marche. Le lendemain, Jean Yves et Benoit, à notre suite, ne comprendront pas bien la logique de nos traces…
Bref, une fois au col, en plein vent, nous décidons de redescendre un peu pour bivouaquer confortablement a 5700m. Les effets de l’altitude se font bien sentir (maux de têtes, légères nausées, essoufflement à l’effort). Normalement il devrait faire beau le mardi 27 et nous espérons bivouaquer au sommet du Pachermo deux nuits. Nous quittons le bivouac au moment ou nous rejoignent Jean Yves et Benoit, venus juste pour la journée et la vue depuis le col. Il fait beau et c’est vraiment plaisant d’admirer ces magnifiques sommets du Khumbu et du Rolwaling. Les pentes ont l’air bien chargées et nous optons pour un itinéraire moins raide sur la droite.
Les deux Sebs partent avec un peu d’avance pour tester la neige mais decident de renoncer: il y a énormément de neige, et on ne peut éviter les parties raides. Le danger d’avalanche est trop important. Ne nous trompons pas d’objectif, l’ascension du Parchermo est un moyen de s’acclimater, pas une fin en soi. Apres quelques tergiversations, nous décidons de passer deux autres nuits au bivouac a 5700m, et donc deux longues journées. Deux journées occupées à lire, dormir, visionner des films sur smartphone et se chamailler sur des sujets du type: « c’est toi qui a bougé pendant que j’ouvrais la tente et qui est responsable de la neige tombée à l’intérieur ! – ok alors j’arête de faire de l’eau ! » c’est long deux jours dans moins de deux mètres carrés d’humidité… En expédition, il faut savoir supporter l’oisiveté.
Enfin, le jeudi 29, face a une vallée enneigée et dégagée pour deux petites heures, nous rejoignons l’équipe à Ngole et descendons dans la foulée à Thamé, lieu symbolique du bouddhisme pour certains et de la connexion wifi pour d’autres.
Pierre Labbre. Thamé, le 30 septembre 2016
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Départ le 13 septembre 2016
Tous les membres de l’expédition ont décollé de Genève ou Milan le 13 septembre au soir pour se retrouver le 14 soir à Kathmandou.
Bloqués à Kathmandou pendant presque une semaine en raison des intempéries, ils ont finalement pu rejoindre directement par les airs Namche Bazar afin de rattraper le retard dans le programme.
Ils vont maintenant pouvoir débuter leur acclimatation…
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Partenaires
Météo France répond aux attentes du GMHM en assurant le routage météo depuis l’antenne locale de Chamonix-Mt Blanc.
Météo-France a pour mission de surveiller l’atmosphère, l’océan superficiel et le manteau neigeux, d’en prévoir les évolutions et de
diffuser les informations correspondantes. Il exerce les attributions de l’Etat en matière de sécurité météorologique des personnes et des biens. Il assure de même, dans les domaines de sa compétence, la satisfaction des besoins du ministère de la défense.
Partenaire matériel et habillement et partenaire des MXP.
Le nom Millet devient célèbre dans les années 30 avec les premiers sacs à commissions munis de bretelles. Adapté quelques années plus tard au sac à dos, l’idée signe rapidement le succès de la marque française. Le développement de produits techniques pour la montagne apporte à la marque une forte image, renforcée par la signature des meilleurs montagnards de leur génération.
Partenaire pour les lunettes et masque de haute montagne.
Julbo est avant tout une marque aux choix techniques reconnus. La marque jurassienne s’appuie sur ses concepteurs/designers pour la création de ses gammes de produits, des lunettes de soleil aux lunettes optiques en passant par les casques et masques. Julbo maîtrise l’ensemble du processus de fabrication : conception assistée par ordinateur, atelier de mécanique pour créer ses propres outillages, moules et pièces…
Partenaire pour les produits de protection solaire.
Tingerlaat a été conçu spécifiquement pour tous les passionnés de sport qui exposent leur peau à des conditions climatiques extrêmes lors de la pratique de leur activité sur neige, sur eau, sur terre, dans l’air. L’objectif est d’apporter des innovations technologiques adaptées aux besoins actuels de la peau des sportifs.
Partenaire pour la technologie mobile outdoor.
Des smartphones étanches, résistants et endurants, ils répondent parfaitement aux besoins des alpinistes du Groupe grâce à une autonomie incomparable. Lors des deux dernières expéditions qui ont eu lieu au nord du cercle polaire arctique, le Groupe Militaire de Haute Montagne a embarqué le smartphone TREKKER-M1 et l’a utilisé dans les conditions les plus extrêmes.