Se lancer dans une nouvelle discipline c’est souvent aller vers l’inconnu : effacer tous les repères. C’est se mettre en difficulté. Comme un enfant qui apprend le vélo, c’est tomber puis se relever puis retomber sans comprendre. Ce sont de nouvelles sensations, c’est du nouveau. Il faut appréhender un matériel différent. Il faut réadapter la réflexion. C’est se planter complètement de temps en temps. Mais c’est aussi avoir la chance du débutant comme nous l’avons sans doute eu en Antarctique au retour des Pirrit Hills. Pour résumer le GMHM se lance dans le snowkite. Mais pour aller où ?
Qu’est-ce que le snowkite ? Un grand cerf-volant que l’on pilote ski aux pieds et qui vous tracte plus ou moins bien dans la direction voulue en fonction de votre niveau et de la force du vent ! Ainsi quand le vent est favorable, il permet de parcourir plus de 200 km dans la journée. Les ingrédients sont donc du vent, de la neige et un terrain adapté bien dégagé. Plus le relief est prononcé plus le pilotage est compliqué car selon les versants le vent devient turbulent voir absent. Par exemple, les milieux polaires sont des terrains parfaits pour le snowkite, on peut ainsi de temps en temps parcourir en une journée ce que l’on ferait en deux semaines à pieds bien sur quand le vent est au rendez-vous ! C’est donc un moyen de déplacement d’opportunisme intéressant si l’on se rend dans des contrées ventées.
Même s’il est plus difficile de remonter au vent, toutes les directions de déplacement sont envisageables. Ceci est vérifié si vous êtes un pilote confirmé ! Après avoir fait un premier coup d’essai de snowkite en janvier en Antarctique sur 200 km avec le vent dans le bon sens, il était clair que pour profiter des autres directions il nous fallait nous perfectionner un peu. Enfin, pour aller où ?
Au-delà de l’aspect ludique, entre pilotage et glisse on ne s’ennuie guère sous un kite. Le temps et les kilomètres passent vite, on peut imaginer traverser d’immenses territoires ou approcher certains sommets éloignés … Peut-être d’autres possibilités apparaitrons, alors commençons et nous verrons où le vent nous portera.
Pour passer le cap de l’initiation et commencer à réellement entrevoir les possibilités du snowkite, trois membres du GMHM sont partis 10 jours en Norvège dans un des spots de de la discipline : le plateau d’Hardangervidda entre Oslo et Bergen. Ce plateau, entre 1000 et 2000 mètres, est idéal. Souvent venté, il présente des reliefs plats, vallonnés voir montagneux sur une grande superficie. On peut y faire des raids itinérants et parcourir plus de 200km sans croiser une clôture.
Pour progresser, un expert du snowkite nous accompagnait. Nous avons la chance de pouvoir bénéficier directement en interne dans l’Armée de terre des compétences de l’adjudant-chef Janick Volle de l’état-major de la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne. Ancien champion de France de la discipline longue distance, il nous a petit à petit amené vers les subtilités du kite. C’est d’ailleurs lui qui nous avait initié avant l’Antarctique . Pendant cette immersion dans le snowkite, l’Adc Janick Volle nous a fait appréhender les nuances du pilotage, la position sur les skis, la recherche du meilleur itinéraire, la progression avec pulka, les différents reliefs, les différentes allures : remonter et descendre au vent, l’orientation, le choix des ailes, la météo … Nous percevons petit à petit les difficultés comme celles d’avoir toujours une voile qui nous empêche de nous rassembler pour les décisions. Après chaque sortie de six ou huit heures, les jambes en compote et les bras carbonisés, nous pouvons mesurer les progrès. Enfin pour agrémenter tout cela nous nous essayions aux sauts. Comme vous pourrez le voir sur les photos, le maitre est resté le maitre. Il nous reste encore beaucoup à apprendre.
Au final quand nous faisons le bilan de notre progression ce stage a été d’une richesse incroyable. En comparant avec notre première expérience du kite en Antarctique, j’ai presque l’impression d’avoir de nouveau commencé une nouvelle discipline.