Présentation
Juste le nom « Patagonie » réussit à faire rêver les grimpeurs et alpinistes du monde entier. Ces paysages magnifiques, ces aiguilles de granite fièrement dressées telles des défis pour aventuriers de la verticale. Rien d’étonnant que cette étape Patagonienne soit considérée comme primordiale dans le parcours d’un alpiniste d’expédition Le seul problème de cette destination de rêve : la météo. Très capricieuse, très instable, il est rare d’avoir des créneaux de 3 jours de grand beau consécutif. Ces perturbations et ces forts vents d’altitude amènent de la neige en quantité mais forment également des jolis plaquages qui font le bonheur des grimpeurs de mixte. Bonne nouvelle, c’est l’objectif de nos alpinistes du GMHM.
Ils vont pouvoir, une fois de plus, valider le cahier des charges du GMHM : Occuper le créneau de la maîtrise par l’homme des conditions physiques et climatiques extrêmes en milieu terrestre et promouvoir un alpinisme de haut niveau.
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Objectifs
Les 2 objectifs principaux sont les 2 sommets mythiques de la région : Le Fitz Roy (3359m) et le Cerro Torre (3128m). Les itinéraires seront décidés au dernier moment, en fonction des conditions de la montagne et des alpinistes. Plus que nul part ailleurs, les qualités de rusticité, ténacité, détermination conjuguées à la capacité d’adaptation seront indispensables.
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L’équipe
L’équipe est constituée de 5 grimpeurs :
– Monsieur Dimitry Munoz,
– Capitaine Didier Jourdain,
– Adjudant-chef Sébastien Bohin,
– Adjudant Arnaud Bayol,
– Chasseur Max Bonniot.
carnet de bord
5 alpinistes avec le sourire au sommet du Fitz Roy
Les météogrammes sont formels, la fenêtre de beau temps se précise pour la fin de semaine. 2 jours de ciel bleu se fraient une place dans la tempête et nous laissent entrevoir l’espoir de se hisser sur le sommet du massif. Etant données les précipitations des dernières semaines, nous optons pour des escalades mixtes et notre choix se porte rapidement sur la logique « Super canaletta » qui raye la face ouest du Fitz Roy. En tout début de créneau et avant le passage d’une petite dépression, une journée peu ventée semble également se dessiner.
Après concertation, nous choisissons de devancer le reste du groupe avec Arnaud pour se frotter à nouveau à la belle face Est de l’Aiguille Mermoz qui nous a repoussés la semaine passée. Nous partons avec une semaine de vivres et remontons sous le crachin venté pour bivouaquer à Piedra Negra.
Départ à une heure le lendemain pour franchir à nouveau le Paso Guillaumet et escalader la rimaye de la Mermoz vers 5 heures. Les conditions se sont améliorées depuis notre dernière tentative et nous gravissons le bas de la face dans de belles goulottes. Le mauvais étant annoncé pour la nuit, nous nous dépêchons pour arriver au pied des difficultés vers 8 heures. 4 longueurs difficiles se succèdent jusqu’au névé. Les étincelles sous les crampons et les verrous de lame alternent dans une ambiance gazeuse. Les dévers athlétiques offrent malgré tout de très bonnes protections pour glisser nos coinceurs. Pour finir, trois longueurs moins difficiles nous déposent au sommet de cette superbe ligne.
Le vent se lève et il est temps de redescendre à notre bivouac. Un dernier coup d’œil à gauche pour observer notre projet du Week End et le Fitz Roy disparaît dans les nuages. Nous nous glissons dans nos duvets à la tombée de la nuit, les bras endoloris.
Deux jours d’attente dans le mauvais temps puis le reste du groupe nous ramène le soleil, sans vent cette fois. C’est vers 14 heures Vendredi que retentissent les hurlements d’une voix qui nous est familière. Dimitry apparaît derrière les blocs de notre camp, chargé d’énergie et de bonne humeur, pour en découdre avec cette pyramide gargantuesque qui nous nargue depuis un mois. Seb et Did aussi sont remontés à bloc. Leurs sacs à dos remplis d’empanadas et de produits frais finissent de nous ravir.
La nuit sera courte. Nous fixons le réveil à 23 heures et décidons de partir pour notre objectif sans matériel de bivouac, afin de grimper léger.
Nous remontons ainsi les pentes jusqu’au Paso del Cuadrado vers minuit. Ce col nous ouvre l’accès au pied de la face Ouest du Fitz Roy. Eclairés par la lune, ses piliers de granit parfait prennent une dimension colossale. Il nous faut trois heures pour contourner cette partie de la montagne et apercevoir enfin le grand trait de glace, caché derrière le fameux éperon Afanasieff.
Nous franchissons la rimaye puis commençons l’escalade, d’abord en neige, des 1600 mètres de l’itinéraire. Rapidement, la glace est de la partie et nous devons être particulièrement soigneux pour éviter de nous parpiner dans l’étroite goulotte.
A 4 heures, le jour se lève sur l’immense Hielo Continental, toile de fond de notre escalade. La beauté de la Patagonie se révèle à la hauteur de son mythe. Ses lumières et ses contrastes, réfléchis par le dédale d’arêtes granitiques et de séracs suspendus, rendent le paysage grandiose.
Loin au dessus de nous s’hérissent les collerettes de givre sommital. Il est 6 heures du matin lorsque nous attaquons la partie rocheuse le l’itinéraire, après avoir remonté les 1000 premiers mètres de la voie.
L’intelligence de l’itinéraire qui suit nous épate. Malgré la raideur des lieux, aucune longueur n’excède le 5sup. L’escalade s’avère extrêmement ludique et nous révisons nos gammes entre les dièdres, les fissures et les dalles des 19 longueurs qui se succèdent jusqu’à la brèche. Le crux de l’itinéraire se retrouve concentré sur les pointes sommitales. La voie franchit alors plusieurs verrous verticaux où la glace et le givre rendent l’escalade délicate. Crampons au pied, les belles dalles lisses deviennent nettement moins évidentes à grimper et il faut s’employer pour boucler une longueur de 5. Le mur final, suspendu au dessus du vaste couloir, nous régale d’une escalade raide et athlétique. Un court rappel et voici enfin la brèche sommitale. Il nous faudra encore grimper 200 mètres de terrain facile pour rejoindre le point culminant du massif devant un panorama à couper le souffle. Il est 17 heures et la joie au sommet est intense. Nous profitons de cette courte pause mais il faut déjà penser à la descente en rappel que nous effectuons par la voie Franco-Argentine. Nous rejoignons ainsi la brèche des Italiens vers 1 heure du matin après une quinzaine de rappels. Nous y grelottons quelques heures avant le lever du jour puis nous reprenons la descente en rappel jusqu’au glacier. La fatigue se fait sentir, tout comme le manque de sommeil, et la remontée au Paso Guillaumet est laborieuse. Nous admirons une dernière fois la Face Est du Fitz Roy puis nous plongeons dans la vallée voisine avant de retrouver Chalten et la civilisation en début de soirée.
Nous en terminons donc, fatigués mais heureux, avec une expédition où nuits blanches et courtes fenêtres de beau temps se seront succédées. Une expédition rythmée, ici plus qu’ailleurs, par le bon vouloir d’une météo capricieuse dans un massif à la hauteur de sa légende.
Chasseur Max Bonniot
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S’armer de patience… et provoquer la chance
Mardi 9 décembre, 15h. Le Commandant Lionel Albrieux reçoit un coup de téléphone de Dimitry Munoz depuis la Patagonie : « Le créneau météo qu’on espère depuis longtemps a l’air de tenir… 5 jours de grand beau, de mercredi à dimanche ! »
L’objectif prioritaire du GMHM sur cette expédition en Patagonie est de réaliser une belle voie sur le Fitz Roy. Dans la dernière news, Seb Bohin nous rappelait qu’il lui paraissait impossible de quitter la Patagonie avant de se hisser (même péniblement) au sommet.
Et si cette fois, c’était la bonne ?! En tout cas les alpinistes du groupe, mettent tout en oeuvre pour optimiser ce créneau de la dernière chance.
Cet après-midi, Arnaud et Max rejoignent le bivouac « Piedra Negra » au pied de l’Aiguille Mermoz. Ils sont motivés pour une deuxième tentative dans cette magnifique voie « Vol de nuit ». La tentative de la semaine dernière, avortée par la tempête, leur a laissé un mauvais goût d’inachevé !
Ils prévoient d’être de retour au bivouac Jeudi. C’est la que le reste de l’équipe (Dim, Seb et Didier) les rejoindront avec tout le matériel pour l’ascension du Fitz Roy. Ils envisagent de grimper en face nord avec une belle option pour la voie « Tehuelche » : 1300m, 37 longueurs , 6b+/A0.
Dimitry nous explique leur stratégie :
« Vendredi nous terminons la marche d’approche jusqu’au pied de la voie pour repérer les premières longueurs. Samedi nous envisageons de grimper la première moitié, soit 18 longueurs jusqu’au très bon emplacement de bivouac »Gran Hotel« . Dimanche il nous restera en vingtaine de longueurs en passant par le »dièdre di Marco » jusqu’au sommet du Fitz Roy.
La descente est prévue dans la foulée avec un bivouac supplémentaire sur la vire « Gran Hotel » en fonction de l’heure. Le retour à El Chalten sera pour lundi ou mardi avec, on l’espère, un beau récit de leur ascension 🙂
« Bon courage les gars pour ce dernier push. On est de tout cœur avec vous ».
caporal Antoine Bletton.
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Patience, persévérance, chance…
Patience,
Il en faut en Patagonie. Nous sommes ici depuis un peu plus de deux semaines. La météo nous a laissé très peu de répit pour découvrir et espérer grimper sur ces montagnes parmi les plus belles du monde. Un peu de frustration pondérée par des paysages, des levers, couchers de soleil à couper le souffle.
Persévérance,
Car pour la deuxième fois, nous prenons le chemin de Piedra Negra, un lieu de bivouac situé sous le Paso Guillaumet. On y accède après une longue marche d’approche.
Nous savons le créneau météo court mais comme depuis le début du séjour nous sautons comme des morts de faim sur la moindre occasion. Au cas où, pour ne rien regretter…
Réveil 23h30, direction l’aiguille Mermoz via le Paso Guillaumet et le glacier Piedras Blancas pour la voie « Vol de nuit » (90•/M8/A1).
Malheureusement, comme la semaine précédente la fenêtre météo se referme après 6 longueurs. Le mauvais temps était annoncé pour 12 heures. A 7h30, il commence à neiger et vers 9h00 il neige tellement que des coulées de neige canalisées par la goulotte nous empêchent de grimper. Continuer dans de telles conditions avec en prime le vent qui se lève nous paraît totalement impossible et déraisonnable.
Les rappels s’enchaînent et nous déposent complètement trempés et frigorifiés sur le glacier.
Chance,
À mi séjour, nous espérons maintenant en avoir un peu. La vue depuis El Chalten sur le Fitz Roy et le Cerro Torre nous rend complètement « dingues ». Il nous paraît impossible de quitter la Patagonie avant de nous hisser (même péniblement) au sommet de l’un d’eux.
Seulement ici, encore plus qu’ailleurs peut être, c’est la montagne qui commande. Alors à suivre….
En guise de conclusion je citerais Thierry Perrillat dit « Pétiole ».
« Pas de victoire sans sommet »
C’est sûr que renoncer au sommet nous laisse un goût amer. Pour autant à l’unanimité nous sommes certains que cette tentative est très enrichissante, pleine d’expériences utiles pour la suite.
Adjudant-chef Sébastien Bohin
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On est dans le vif du sujet : la complexité de la gestion des prévisions météo en Patagonie.
Vendredi 28 :
Le créneau prévu pour ces 2 prochains jours ce confirme. Ce matin nous préparons nos sacs en vue d’un départ à 13h. Se suspendre à nos piolets dans le mixte de « vol de nuit » nous motive déjà. L’approche sera longue, mais les gendarmes d’El Chalten, avec qui nous avons sympathisés, se proposent de nous rapprocher en véhicule. Leur bonne action nous fera gagner 20km de marche…
La première section de plat (2h) se déroule sous un soleil timide mais bien présent. Le mauvais temps déborde déjà du hielo continental. A l’approche du « refugio los troncos » la végétation se fait plus rare et les 1200m de dénivelée se découvrent à notre gauche. Le mauvais temps nous rattrape et ne nous quittera plus de la journée.
Il est environ 18h quand le téléphone satellite sonne. Un SMS nous fait part d’une nouveauté météo : demain à 12h se sera 60km/h de vent, mais dans trois jours il y aura un vrai anticyclone.
On est dans le vif du sujet : la complexité de la gestion des prévisions météo en Patagonie.
Que faire : redescendre et se préparer à cette fenêtre providentielle, ou persister dans notre choix et « Prendre ce qu’il y a à prendre » quitte à accumuler la fatigue ?
Les avis divergent, mais imaginer une tentative au Cerro Torre ou au Fitz Roy taraude nos esprits. Réveil réglé pour minuit, on se couche sans solution bien établie, mais la nuit porte conseil.
Samedi 29 :
Oh15, je n’ai pas entendu le réveil. L’approche chargée d’un sac de bivouac a du finalement me fatiguer. Je passe la tête en dehors de la tente et ne peux que me réjouir à la vue de ce ciel étoilé et sans vent. A l’unanimité, une stratégie ménageant les deux options de la veille émerge. Nous n’irons pas à l’aiguille Mermoz mais à l’aiguille Guillaumet. L’approche est plus courte et la voie choisie sera la plus facile. Cela nous permettra peut-être de gagner un sommet sans fatigue excessive.
Deux heures de marche et nous franchissons le paso Guillaumet. A 4h nous sommes à la rimaye. La neige est consistante et permet d’ancrer solidement les piolets dans les passages les plus raides. Cette goulotte « Amy-Vidailhet » s’arrête à une brèche de l’arête N qui mène au sommet. Nous la suivons pour 4 longueurs de rocher et mixte, puis prenons pied sur la pente sommitale. Pile à l’heure pour un superbe lever de soleil !
Nous bénéficions encore d’un peu de soleil pour la descente dans la goulotte « Coqueugniot-Guillot » puis Le vent se lève alors que nous glissons le long du dernier rappel qui franchit la rimaye. La corde est vite lovée et nous revenons par le « paso Guillaumet ». 9h04, je me retourne pour une dernière photo, le créneau s’est refermé.
Une nouvelle expérience quant au recul à prendre sur les prévisions météo en Patagonie.
Dimanche 30 :
Après une nuit de treize heures (oui rien que ça !) le bulletin météo change de nouveau : l’anticyclone prévu la veille a disparu.
Y a t’il une stratégie vraiment payante hormis l’opportunisme ? Il semblerait que ce manque de visibilité nous force à continuer cette expédition de la même manière que nous l’avons commencée : Ne pas se fixer sur un seul objectif mais choisir différents itinéraires à aborder avec 1, 2 ou 3 jours de beau. Trouver des projets ayant des orientations différentes et faire les approches dans le mauvais temps pour optimiser la période de beau temps.
Adjudant Arnaud Bayol
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Nos patagons vont bien ! Ils scrutent le ciel le couteau entre les dents !
Vendredi 28 novembre 2014
À El Chalten depuis leur retour de la pointe Poincennot le weekend dernier, ils regardent passer les perturbations avec impatience.
Les mauvaises conditions météo de ce début de saison en Patagonie leurs laissent peu de visibilité sur un créneau exploitable pour retourner en montagne. Les perturbations se succèdent sur le massif du Fitz Roy, laissant la ville d’El Chalten à peu près dégagée grâce au fort vent quasi permanent qui la balaye. Cela leur permet de rester actifs, de continuer à s’entrainer en attendant une meilleure météo. Marche, course à pied, escalade ont remplis leur emploi du temps de la semaine.
Ils sont dans les starting block, prêt à bondir sur la prochaine fenêtre météo qui pourrait bien se confirmer pour ce weekend. Avec une période de beau temps très courte, il va leur falloir être très réactif et choisir une voie réalisable en moins de 24h.
Hier soir (jeudi 27), Dimitry me précise au téléphone :
« Il y a encore beaucoup de neige en ce début de saison et les perturbations de cette semaine n’ont pas améliorées la situation. C’est très compliqué pour les grandes voies en escalade libre car il y a beaucoup de neige dans les faces et les coulées d’eau qui s’échappent des moindres vires trempent le rocher. Nous prévoyons une voie plutôt mixte ou la neige et la glace seront un atout plus qu’un handicap, très probablement la voie « Vol de nuit » à la pointe Mermoz. On espère une courte fenêtre de beau d’environ 24h annoncée pour ce vendredi après-midi à samedi après-midi »
La pointe Mermoz (alt. 2930m) est une superbe aiguille du groupe du Fitz Roy.
« Vol de nuit », nommée ainsi en référence à la nouvelle d’Antoine de Saint Exupéry, est l’une des 2 plus incroyables et réputées voies en mixte de ce sommet ouverte en 1993 par Andy Parkin. 450m, 90° M5+ A1.
Le créneau annoncé est juste suffisant pour l’ascension et la redescente du sommet. Avec la marche d’approche, le bivouac, l’ascension et le retour, cela leur imposera de partir dans le mauvais temps au pied de la montagne sans certitude absolue de pouvoir en faire l’ascension et le retour se fera très probablement sous la prochaine perturbation.
Approcher les montagnes dans le mauvais temps, sous la pluie ou la neige, et faire bien souvent le chemin du retour dans les mêmes conditions est le « jeu » habituel de ce massif. C’est en connaissance de cause que cette destination a été choisie car ce massif est un formidable terrain d’entrainement à la prise de décision et à l’audace, mettant à rude épreuve la détermination des Hommes. C’est un creuset incontournable dans lequel sont venu se forger un grand nombre des meilleurs alpinistes de notre temps dont l’ouvreur de cette voie : Andy Parkin.
Souhaitons que les dieux de la météo soient avec eux !
Nous attendons avec impatience de leurs nouvelles afin de les partager avec vous.
chef de bataillon Lionel Albrieux
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Le vent nous accueille à notre arrivée au sommet…
Après trente heures de voyage, un bivouac assis dans l’avion et quatre heures de décalage horaire, nous atteignons enfin El Chalten, notre « camp de base » pour le prochain mois. Nous passons une courte nuit, les prévisions météo sont optimistes pour le lendemain. Le vent de nord ouest dominant, ce sera l’Aiguille Poincenot par la voie Whillans Cochrane, exposée majoritairement à l’Est. Cette montagne, voisine du Fitz Roy, est visible depuis notre gîte et semble parfaite pour une première immersion dans le massif.
Après avoir préparé le matériel, nous partons en milieu d’après midi pour notre « one push ». Le sentier serpente dans un paysage grandiose et le trek d’approche nous comble. Au fond de ce panorama idyllique se dresse fièrement le Fitz Roy, trois kilomètres au dessus de nos têtes.
Nous profitons du Campo Rio Blanco et de ses cabanes pour nous abriter quelques heures et se restaurer. Une courte sieste jusqu’à 2 heures et nous repartons en direction du Paso Superior dans des conditions de neige relativement détestables.
Ici c’est le début du printemps et nous nous retrouvons rapidement à batailler pour faire la trace. L’espoir de gravir cette magnifique aiguille de granit s’amenuise à mesure que le soleil réchauffe et humidifie la neige dans laquelle nous nous engluons. La traversée au dessus du sérac suspendu nous parait exposée. Nous choisissons un encordement à 60 mètres les uns des autres et franchissons ce passage délicat vers midi.
Une belle rampe neigeuse en écharpe compose la première partie de la voie. Dans une ambiance aérienne nous rejoignons une zone mixte puis nous basculons en face sud pour grimper les 200 derniers mètres de granit. Le vent nous accueille à notre arrivée au sommet, vers 18 heures, dans un panorama à couper le souffle.
Accrochés entre le Cerro Torre et le Fitz Roy, nous profitons de ces instants magiques alors que le mauvais temps déborde déjà du Hielo Continental dans notre direction. Nous nous laissons glisser sur nos cordes et rejoignons la rimaye en quatre heures de rappel. La nuit tombe et une pénible redescente nous attend jusqu’à El Chalten. C’est au lever du jour que nous rejoignons la petite bourgade encore endormie. Après de nombreuses pauses siestes intempestives sur le chemin du retour, nous pouvons enfin sombrer dans notre lit douillet, heureux d’avoir pu saisir notre premier créneau patagon.
L’heure est donc maintenant au repos et à l’attente en vue du prochain objectif que le créneau météo nous dictera !
Chasseur Max Bonniot
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A peine arrivés et déjà dans l’action
Vendredi 21 novembre 2014
Les grimpeurs du GMHM sont arrivés mercredi matin au petit village d’El Chalten. Ils savent que les conditions sont capricieuses sur place et qu’il faut optimiser le moindre petit créneau. La météo est assez correcte pour les 3 jours à venir. Ils préparent les sacs et se lancent dans la marche d’approche mercredi après midi !! Leur objectif est de se familiariser avec le granite et les conditions de mixte locales en grimpant l’Aiguille Poincenot (3002m). Ils choisissent la voie « Willans – Cochrane » qui proposent les cotations suivantes : 550 m, 70°, M4, 5+
Ils pensent avoir besoin de 2 jours pour grimper la voie plus un jour supplémentaire pour retrouver la petite civilisation d’El Chalten et nous envoyer leurs premières impressions…
A suivre.
Dernière nouvelle !!!
Vendredi 21 novembre 2014
11h00, appel téléphonique de Dimitry Munoz de retour à El Chalten:
« on viens juste de rentrer de l’aiguille Poincenot. L’ascension s’est bien déroulée, on est tous très fatigués et tout le monde va bien. Heureux de cette belle voie, on vous envoie le récit et quelques photos dès que possible.. «
Dimitry paraissait vraiment fatigué et heureux, rien d’étonnant puisqu’ils ont saisi le créneau de beau temps à peine arrivé à El Chalten, avec la fatigue du voyage et les quatre heures de décalage horaire, pour cette première ascension.
Nous espérons avoir d’ici lundi leur récit et leurs photos pour les partager avec vous le plus rapidement possible.
Bon week-end.