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Antoine Cayrol

Quelles sont les dates de ton passage au Groupe ?
J’ai intégré le groupe en 1991 et j’en suis parti en 2001

Comment es tu arrivé au GMHM ? Quelle était ta situation antérieure ?
Avant d’être au groupe j’étais au 7eme Bataillon de Chasseurs Alpins de Bourg-Saint-Maurice où mon chef de corps s’était opposé à ce que je participe à une expé de sélection au Pérou en 88 pour laquelle ma candidature avait été retenue. J’avais donc décidé de quitter l’armée puis finalement j’ai été muté à l’EHM (École de Haute Montagne, ancien nom de l’École Militaire de Haute Montagne) en 90 et Alain Estève m’a fait rentré grâce à Yves Tédeschi avec qui je grimpais à l’époque.

Avais tu une responsabilité spécifique au sein du Groupe ?
Je m’occupais de la bouffe et il m’incombait de prévoir la bouffe altitude dans les expés montagne. Pour les pôles je travaillais avec des diététiciens du CERCAT sur la ration quotidienne du marcheur.

Avais tu un domaine de prédilection en montagne au sein du Groupe ?
Je faisais un peu de solo mais je n’avais pas vraiment de spécialité. J’étais ni bon ni mauvais en tout. Par contre je gagnais tous les tournois de camp de base au bras de fer. Même Fred Roulhing en a fait les frais.

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Quelle est ton activité professionnelle en ce moment ?
Maintenant en hiver je suis moniteur de ski à l’ESF du Lioran dans le Cantal où je m’occupe principalement de l’entraînement des gamins du ski club et de l’enseignement aux handicapés. Je suis également formateur pour la DRJS sur les préformations du BE ski et qualification raquette de l’accompagnateur moyenne montagne. Plus une dizaine de journée cascade.
Au printemps je prends 2 mois pour grimper. Juillet-Aout je fais le guide à Chamonix puis 3 mois de vacances en automne pour grimper.

Peux tu parler de l’alpinisme en Auvergne ? Ou devrais je dire de « l’auvernisme » ?
Le Cantal est une belle destination pour la montagne. On y pratique la cascade sur des voies de plus de 100 m ainsi que les voies mixtes où il y a des itinéraires de 5 a 6 longueurs extrêmement intéressants genre Écosse. C’est un endroit peu connu voir ignoré mais qui mérite réellement le détour. Il y a un point commun à la plupart des voies c’est la difficulté pour mettre en place de bonnes protections.

Que penses tu que ton passage au GMHM t’a apporté ?
Mon passage au groupe sur le plan montagne expé m’a comblé. J’ai eu la chance de suivre plusieurs cycles d’expés très variés et passionnants. C’est et cela restera sans doute à biens des égards la plus belle période de ma vie.

Tu es un voyageur insatiable, organisant des conférences sur tes voyages, peux tu nous parler de tes plus belles destinations ?
Depuis mon départ du groupe je continue à beaucoup voyager avec des amis soit pour de la grande falaise terrain d’aventure soit pour de l’alpinisme.j’ai adoré mon voyage en Nouvelle Zélande avec Ben (François Bernard) et dernièrement en Algérie puis en Géorgie du sud. Ces voyages me permettent aussi de faire des conférences. Mon sujet favori est un tour du monde d’alpinisme où je passe une sélection de photos d’alpinisme sur tous les continents. Je perpétue ainsi la pub pour le Groupe car je reprends beaucoup de voyages effectués avec le groupe.

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A quelle expédition du Groupe as tu participé ?
– Aconcagua 92
– Patagonie chilienne 93
– Everest 93
– Ellesmère 94
– Baffin 94
– Groenland 95
– Pôle nord 96
– Antarctique 97
– Pôle sud 98
– Nilgiri2000
– Yosémite 2000
– Baffin 2001
– Kerguelen 2001.
Pendant mes permissions je partais aussi et de 91 à 2001 j’ai grimpé en Suède, Norvège, Islande, Écosse, Pérou, Argentine, Lybie, Pakistan, Canada puis après le Groupe jusqu’à aujourd’hui au Tibet, Nouvelle-Zélande, Madagascar, Grèce, Maroc, Alaska, Algérie, Géorgie du sud, Chili.
J’ai eu la chance d’aller et de grimper sur les 7 continents. Je le ressens comme un rare privilège

Tu as pratiqué l’alpinisme, l’himalayisme, l’andinisme, et même l’auvernisme, qu’est ce que tu préfères ?
En réalité j’adore grimper partout pourvu que je change souvent et surtout, surtout qu’il y ait le moins de monde possible dans les parages.Je n’aime pas les concentrations qu’elles soient à un camp de base ou en falaise ou encore en cascade. Il est vrai que j’ai eu ma dose de froids avec le groupe et maintenant je suis plus tourné vers le rocher mais je prépare un automne d’alpinisme sympa. Je me définis humblement comme grimpeur voyageur.

Peux tu nous parler d’une expédition en particulier (organisation, problème logistique ou administratif, voyage,…) que tu as faite avec le Groupe ?
Mon expé la plus riche à tous points de vue reste le Pôle nord.
La préparation a été longue et passionnante. Il y avait peu d’infos et on y allait à tâtons. Finalement on s’est orienté vers 3 volets distincts : le terrain avec la banquise d’Ellesmere, le froid avec la Terre de Baffin en hiver et la durée avec la traversée du Groenland sur 1000 bornes. Au bout de 3 ans nous étions prêts et on y est allé. C’est de loin ma réalisation la plus dure et ce fut une belle réussite collective de tout le groupe.

Tu as fait des expés avec client, quelles sont les différences avec les expés du Groupe ?
Cela n’a rien a voir.
Je fais peu d’expés clients maintenant. Chacun a sa propre conception du voyage et la mienne correspond assez peu avec celles des clients d’agence de voyage. Si je pars en voyage comme guide c’est vraiment avec un ou des amis qui me prennent comme guide mais c’est rare. Je pars presque tout le temps en amateur avec des amis qui ont la même philosophie du voyage et de la grimpe que moi.

Comment caractériserais tu le GMHM ?
Une chance unique donnée à de jeunes hommes souvent passionnés de réaliser une partie de leurs rêves de grimpeur et de développer parfois de véritables amitiés.

Comment les décisions étaient elles prises au Groupe ?
Les décisions étaient prises en concertation sur le terrain et par le chef au bureau.

Peux tu nous faire partager une expérience marquante que tu as vécue au Groupe ?
Il y en a eu plusieurs mais l’une des plus marquante est la bielle absolument monstrueuse que j’ai coulé sur les pentes de l’Aconcagua à la suite de quoi je voulais quitter le groupe. Je revois Alain Estève et Hubert Giot en train de me consoler au camp de base. Maintenant c’est un bon souvenir…

Te souviens tu d’une anecdote ou d’une scène insolite de cette période ?
À notre retour du Pôle nord j’ai été interviewé avec Ben au journal de 13 h sur France 2 en tenue militaire. Là il y a eu une prise de vue ou on m’a vu avec des chaussettes blanches sous le pantalon, on voyait que ça. J’en ai entendu parlé longtemps.

Quel est ton meilleur souvenir au Groupe ?
Everest 93
Là encore difficile de n’en citer qu’un:
– les 3 derniers mètres de l’Everest c’est quand même quelque chose
– les ouvertures de voies en Patagonie et en terre de Baffin
– la fin des 3 Pôles et mon premier 8a.

Peux tu nous parler de ta plus belle ascension dans les Alpes avec le Groupe ?
C’est l’enchaînement en solo depuis Pralognan du couloir des italiens à la Grande Casse suivi de la Desmaison à l’aiguille de la Vanoise puis de la face nord de la Sana pour finir à la voie Pivot à la pointe de Bazel et revenir à Val d’Isère en 22 heures avec liaisons pédestres.

Quel est, à ton avis, le principal enjeu du GMHM pour les prochaines années ?
De revenir vers la haute altitude sur des sommets sauvages en mettant le paquet sur l’image.

Souhaites tu évoquer quelque chose en particulier dont nous n’avons pas parlé?
Au delà de la montagne je tiens à souligner les sentiments d’amitiés qui me lient à plusieurs personnes avec qui j’ai grimpé au groupe et particulièrement Ben (François Bernard) et Greg (Grégory Muffat-Joly).
Par ailleurs je pose dès à présent ma candidature officielle comme grimpeur réserviste pour Queens Maud Land en Antarctique auprès de Thomas mais je lui enverrai un courrier plus formel.
Amitiés à tous