Accueil > Expéditions > 2013 Shishapangma
Carnet de bord, publié le 14 octobre 2013
- La sortie du piège, p1
- Retour au camp de base, p2
- Dans la queue du cyclone (...), p3
- Sursun Ri, p4
- Fin de l’acclimatation, p5
- Équipe en acclimatation (...), p6
- Équipe en acclimatation (...), p7
- Histoire d’alimentation, p8
- Les pentes du Nyanang Ri (...), p9
- L’acclimatation... du soutien, p10
- Premier sommet d’acclimatation, p11
- Shisha actu du dimanche (...), p12
- Camp de base, p13
- Arrivés en Chine … à pied (...), p14
- Bidon Bleu Story, p15
- Arrivée à Kathmandu, p16
Équipe en acclimatation sur le « Shishapangma »
La majorité de l’équipe souhaite finaliser son acclimatation sur le Pungpa Ri, respectant ainsi le protocole établi par nos illustres prédécesseurs britanniques, auteurs de la première de la face sud-ouest du Shishapangma. Ne respectant rien, je souhaite brûler cette étape et partir directement dans le vif du sujet, à savoir la face en elle-même. L’idée serait de monter passer deux nuits au-dessus de 7000m afin de se rendre compte des conditions et de repérer des emplacements de bivouacs idéaux pour une ascension ultérieure, tous ensembles. Évidemment, si la possibilité de rejoindre le sommet se présente, il serait dommage de s’en priver. Je trouve en la personne du chasseur Max Bonniot le partenaire motivé pour m’accompagner.
Le matin du départ, nous traînons un peu sous la tente mess pour apprécier ce moment où l’équipe est réunie, dans la relative chaleur d’un abri solide. Il faut se décider à partir. Nous chargeons nos sacs trop lourds et prenons la direction qui nous semble être la bonne.
Un brouillard épais limite la visibilité à quelques mètres. Pour nous orienter, sans repères, nous faisons confiance à notre sens de l’orientation de montagnards expérimentés. Bien mal nous en prends, après une dizaine de minutes, nous apercevons, pendant quelques secondes, un sommet neigeux que nous désignons unanimement comme n’étant pas le Shishapangma. A notre grand désarroi, nous sommes obligés d’admettre qu’il s’agit du Pemtang Ri, autrement dit, le sommet à l’opposé de la direction vers laquelle nous sommes censés nous diriger. Nous sommes revenus à quelques mètres de nos tentes, après avoir effectué une très jolie boucle nocturne autour du lac du camp de base avancé. Heureusement, personne ne nous a vu ! Nous repartons cette fois dans la bonne direction et seuls quelques chaos de blocs mettent à mal notre progression.
Nous prenons pied sur le glacier au lever du jour et sommes à l’attaque de la première pente une dizaine de minutes plus tard.
L’altitude est proche de 6000m. Le sommet n’est que 2000m plus haut et parait à portée de main…paraît seulement. Les premiers déchets abandonnés par les expéditions antérieures nous rassurent, signes d’humanité dans cet univers froid et hostile.
La rimaye est survolée et les premières centaines de mètres avalées au pas de course par un Bonniot sur-motivé. Moatti a beau être sur-motivé aussi, les centaines de mètres suivantes sont un peu plus poussives. La technique d’ascension de pentes himalayennes sur cinq points d’appui est de plus en plus de rigueur. Pour les novices, les cinq points sont deux crampons, deux piolets et surtout… un casque. Tant bien que mal, surtout mal, nous prenons pied sur une fine arête vers l’heure du déjeuner.
C’est le point que nous nous sommes fixés pour passer notre première nuit. L’emplacement est étroit mais largement suffisant pour déposer notre abri et déballer nos sacs. Il est toujours surprenant de voir à quel point la contenance additionnée de deux sacs de 38 litres arrive à occuper la moitié d’une tente de 2m3. Nous sommes entassés, le soleil tape fort et nous nous sentons comme des tomates sous serre, ces tomates qui ne voient jamais la terre. Incrédules, nous constatons une température de 35°C à... 6500m. Notre alimentation n’a rien à envier à celle des tomates, il faut vraiment se forcer pour l’ingurgiter. Seul élément de gaieté dans ce désert gustatif, quelques bonbons et un petit Emmental « emplastiqué » dilué dans la soupe.
La nuit se passe bien, nous purgeons nos vessies en nous contorsionnant pour nous extirper de la tente. Le demi centimètre de givre qui tapisse la paroi en profite pour migrer sur et dans le sac de couchage du voisin. Le voisinage immédiat de séracs joufflus se délestant régulièrement de quelques tonnes de glace, fini de faire de notre nuit un long pointillé, malgré tout réparateur.
500 mètres et une demi-journée d’ascension plus loin, dans des conditions similaires à celles de la veille, nous sommes à 6990m. Nous terrassons notre second emplacement.
Les traces humaines sont toujours là. Il est consternant de constater que des « alpinistes »ayant à peu près les même motivations que nous, celles de la ligne et du sommet, n’aient pas tout à fait les mêmes méthodes et justifient l’emploie de kilomètres de nylon. Plus grave, une fois l’objectif atteint, ou non, ils ne jugent pas utile de descendre ce qui leur a permis leur réussite.
Du coup, la voie anglaise que nous suivons, considérée comme une référence d’un style alpin pure, se trouve polluée par une série ininterrompue de cordes fixes (nous en compterons jusqu’à sept en parallèle) sans compter les centaines de pieux à neige, pitons, mousquetons, toiles….qui ne sont que la partie apparente de cet iceberg de déchets. La montagne essaie de cacher les restes sous son épaisseur de glace. Ce matériel, qui vieilli mal, ne nous est d’aucune utilité, si ce n’est de nous donner vaguement l’itinéraire à suivre.
Il nous reste plus des deux tiers de nos réserves en nourriture et en gaz. Nous sommes en forme et convaincus de transformer cette simple montée d’acclimatation en sommet... certes un peu volé.
Nous allumons notre téléphone satellite et les messages météo commencent à s’afficher. Nous les déchiffrons, ils sont alarmistes. Dans nos esprits, l’envie d’aller au sommet, et les efforts qu’il a fallu déployer pour en arriver là, se confrontent à l’appréhension de se retrouver piégés 1000 mètres au-dessus du glacier. Il est 15h30, nous avons le temps de descendre et nous choisissons cette option de bon sens.
Nous sommes à vue des frontales du camp de base avancé alors que les dernières clartés du jour s’estompent. Nous revenons sans sommet, maudissant notre, pourtant si cher, routeur météo. Nous savons cependant qu’il a raison et que nous avons aussi eu raison de prendre cette décision.
Adjudant Sébastien Moatti
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