Sur le fil de Darwin

Présentation

Ce challenge est une expédition sportive d’aventure et d’exploration. Pendant 30 jours, les membres du GMHM vont traverser la Cordillère de Darwin d’ouest en est avec 75kg de matériel chacun, en autonomie totale et peu de carte topographique. La région est méconnue et battue par les vent du cap Horn.
A ce jour, aucune traversée complète de la cordillère n’a été réalisé bien que tentée quelques fois.

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Les difficultés

Les difficultés seront extrêmes : une météo capricieuse, un terrain accidenté et pas de carte, le tout pendant 30 jours.
La météo patagonienne signifie des vents violents pouvant aller jusqu’à 150 km/h, la moyenne annuelle est de 70km/h. Les dépressions s’enchaînent. Le baromètre n’a pas le temps de remonter avant la dépression suivante. Les jours de grand beau temps dans une année se comptent sur les mains. De plus, l’expédition se fera en hiver afin d’avoir plus de neige, et peut-être de sécurité, pour évoluer sur les glaciers. Nous serons en contact avec l’aeroport le plus proche, Punta Arenas, et un routeur météo.
Le terrain est alpin et risque de rendre la progression difficile avec les pulkas (sorte de luge pour transporter le matériel). D’immenses glaciers tombent dans la mer des deux côtés de la presqu’île. Le plus haut sommet, le Mont Darwin, culmine à 2844m. Au vue du relief, la retraite sera compliquée et les secours auront des difficulté à nous rejoindre. L’autonomie est totale. Pour cette raison, le matériel a été largement testé et éprouvé.
Nous possédons seulement des images satellites de Google earth et d’avion pour nous orienter. La stratégie de déplacement intégrera des déplacement vers l’avant lors de courtes fenêtres de temps correct. Pour revenir sur nos pas, nous utiliserons des GPS.
La vie de groupe et la coordination seront des atouts majeurs de réussite. Une fois encore, nous avons testé le matériel pour que celui-ci soit le plus léger possible, mais tout de même assez solide, ainsi que calculé les rations alimentaires pour être le plus efficace.
Après un an de préparation et fort de ses expériences précédentes, le Groupe est de taille à relever le défi.

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Préparation

Depuis un an, nous étudions les cartes, les photos, le matériel, les capacités humaines.
En janvier 2011, nous étions à Punta Arenas pour nous envoler vers l’Antarctique. Lors de notre retour, après l’ascension du Vinson, nous sommes restés à Punta Arenas pour aller reconnaître la Cordillère de Darwin. Nous avons effectué une première reconnaissance en 3 jours depuis un bateau puis à pied. La presqu’île est entrecoupée d’immenses fjords avec au fond d’énormes glaciers qui se jettent dans la mer. Les bouts de glace qui flottent nous donnent une idée de la températures de l’eau en plein été australe. Le ciel noir grise la mer et rendent l’ambiance austère. Nous avons débarqué pour aller voir de plus près à pied pour être sûr de trouver un endroit où attaquer la traversée.

Après la reconnaissance en bateau, nous avons utilisé la voie des airs. La patience est indispensable si on veut un créneau de temps correct en Patagonie. Après une semaine, nous avons pu survoler une partie du Mont Darwin, le « crux » de la traversée. Le blanc des glaciers et des nuages rend la chaîne de montagne plus agréable à regarder d’en haut. Cette deuxième reconnaissance nous a permis d’avoir une idée plus précise de ce qui nous attend…
De retour à Chamonix, Didier Jourdain a réussi à obtenir des photos satellites de meilleure qualités. En les mettant en relation avec nos cartes au 1/250 000, nous avons réussi à obtenir une carte topographie que nous pouvons rentrer dans nos GPS. La précision est loin de celle utilisée dans nos montagnes européennes mais c’est déjà beaucoup mieux qu’au départ.
Le matériel doit être à la fois solide et léger, dilemme infinie. Nous avons tout testé et compté. Depuis le baudrier, jusqu’à l’iphone pour les moments de détente dans la tente, en passant pas le nombre de mousquetons.

gaz ou essence?
Gaz ou essence?

Dans le détail :

Matériel individuel
– Sac à dos CILAO 80 litres x2 + couvre sac Millet
– Piolet Fox Carving Simond
– Piolet Quantum carbon marteau Grivel : Didier,Dim
– Crampons Caiman Simond
– Crampons G20 Grivel : Foué, Dim
– Chaussure de ski de Rando :Scarpa F1 ou F1 carbone
– Ski Trab Race world cup 164cm.
– Peaux Gecko sans colle.
– Fixations Race PLUM 145/165
– Bâtons téléscopiques BD
– ARVA Freeride, pelle Snow plume, sonde
– Casque CAMP
– Baudrier BD
– Matos auto sauvetage : 3 sangles 120cm avec mousquetons simples, 1 broche E-Climb, 1 couteau, 1 machard, 1 ropeman, 1 mousqueton à vis avec barrette, 1 mousqueton à vis et 2 simples, cordasson
– 2 personnes avec mini traction Petzl : Dim, Seb Bohin
– Karimat Z-rest et Light + Trangoworld
– Duvet Shocking Blue + Duvet synthétique
– Chaussette 3 ou 4 paires
– Serviette
– Gore tex haut et bas Millet
– Veste Oregon noir windstopper
– Veste Powertrack jacket rouge
– 4 carlines cote de maille, 2 fines, 1 épaisse millet
– Collant 2 fins, 1 gros
– Doudoune Millet en cours de conception
– Buff millet, bonnet Millet, cagoule Odlo
– Gants 3 paires
– Lunette, masque
– Stick lèvres, stick crème solaire
– 2 thermos, couvert, Tupperware
– Briquet x2
– Frontale
– Pulka courte de Akapulka

Matériel collectif
– 3 Tentes VE 25 North Face
– Réchaud Primus, bouteille d’essence, gamelle et poignée, tasse pliante, kit réparation
– Trousse réparation : leatherman, tendeur, scotch américain, seam grip, matériel couture, fil de fer, kit réparation tente, téflon
– cordes : 2 brins rappel Ice Line 60m
– 100m Dyneema 5mm
– 1 jeu de pitons Titane
– 1 jeu de stoppeurs
– Piles

Chaque élément relève d’un long débat : ski de rando ou pas, combien de collants, une paire de lunettes de rechange ou pas, combien de cordes, combien de litres d’essence, pourquoi pas du gaz, etc…
Les capacités humaines vont être déterminantes de réussite. Il est essentiel de bien se connaître et de connaître les autres. L’expérience de la Norvège nous à permis de pouvoir cerner le rôle de chacun. Didier et François seront responsable cartographie, Séb Ratel et Dimitry responsable de la photo, Sébastien Bohin est référent dans la gestion du matériel (fret, douane, matos collectif), Lionel et François feront la vidéo. Il est important de savoir qui fait quoi pour éviter les altercations dans les moments de tension, qui risquent d’arriver, et pour être efficace.
Mais la préparation n’est pas fini tant que le Groupe n’est pas parti. D’ici fin août, il reste encore quelques points à organiser. Nous verront sur place si les choix auront été judicieux.

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Programme

31/08/2011 : arrivée à Punta Arenas
02/09/2011 : bateau de pêche pour rejoindre la Cordillère Darwin, 14 h de traversée du Canal de Magellan.
03/08/2011 : départ pour 35 jours en autonomie : traversée ouest-est de la Cordillère Darwin
08/10/2011 : arrivée au bout la Bahia Yendegaia à côté de Ushuaïa
10/10/2011 récupération en bateau à la Bahia Yendegaia pour Ushuaïa
13/10/2011 retour en avion à Punta Arenas

En fonction des conditions météo, nous ne prévoyons pas de retour en France avant le 30 octobre. Les dates de la traversée sont hypothétiques.


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L’équipe

Capitaine Lionel Albrieux
Lieutenant Didier Jourdain
Adjudant-chef Sébastien Bohin
Sergent-chef François Savary
Monsieur Dimitry Munoz
Caporal Sébastien Ratel

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Carnet de bord

Fin d’expédition

12 octobre

Après une récupération en voilier à la Bahia Yendegaia les six membres de l’expé ont rejoint Puerto Williams, où ils ont passés deux jours, avant de remonter vers Punta Arenas en avion.
À Punta Arenas la principale activité fut la composition du frêt mais aussi un interview réalisée par la télévision nationale chilienne. Puis de nouveau l’avion pour rejoindre la capitale du Chili, Santiago, où ils se trouvent actuellement. En attendant de reprendre l’avion pour un dernier voyage en direction de Chamonix, ils ont aujourd’hui répondu aux questions la presse chilienne lors d’une conférence organisée dans les locaux de l’ambassade. Demain ils seront reçu pour une réception par monsieur Marc GIACOMINI, ambassadeur de France au Chili.
Le départ pour Chamonix est prévu vendredi avec une arrivée samedi à 11h00 à Genève.

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L’exploit

09 octobre 2011

Le groupe

« Nous avons toujours été sur le fil de Darwin », raconte le lieutenant Didier Jourdain, 37 ans, après l’exploit du Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) de l’armée de Terre qui vient de signer la première conquête de la Cordillère Darwin, à l’extrême-Sud du Chili.

Second de l’expédition dirigée par le capitaine Lionel Albrieux, 40 ans, Jourdain revient avec son supérieur sur le succès des six alpinistes du GMHM qui ont « joué les funambules sur les crêtes jamais parcourues » entre le 6 septembre et le 5 octobre.

QUESTION: Est-ce l’exploit le plus marquant du GMHM depuis sa création en 1976 ?

Lionel Albrieux: « Chaque génération du GMHM a accompli des exploits comme les « premières » réalisées dans les Alpes, les traversées des pôles Nord Sud et l’ascension de l’Everest sans oxygène. Avec notre succès en cordillère Darwin, nous sommes dans la continuité des anciens à qui nous faisons écho et honneur ».

Q: Quelles sont les clefs de votre réussite, là où toutes les autres expéditions internationales avaient échoué ?

Lionel Albrieux: « Préparation, détermination, compétence, engagement, fraternité d’armes et audace… Cet ensemble de paramètres et de qualités a permis notre réussite. On ne s’est jamais laissé gagner par le découragement et notre motivation s’est chaque jour renforcée ».

Q: Quelles ont été les principales difficultés attendues ou imprévisibles au départ ?

Didier Jourdain: « Nos prises de risques ont été à la mesure de l’enjeu, c’est-à-dire pendant 30 jours au-delà des normes. Nous avons emprunté certaines voies devant lesquelles nous aurions calé dans une course en montagne +normale+. Nous avons pris toutes les décisions en commun. Même si nous avions tout prévu et envisagé au départ, nos incertitudes ont été permanentes jusqu’au dernier jour, quant à la durée de l’expédition, notre stock de nourriture, la résistance du matériel et des hommes, les inconnus d’une météo imprévisible, violente et toujours changeante. Nous ne savions pas que nous pouvions physiquement et mentalement aller aussi loin ».

Q: Avez-vous frôlé l’échec ?

Didier Jourdain: « Oui, tous les jours. Nous n’avons jamais été assurés du succès. Nous n’avons jamais eu la moindre marge dans aucun domaine. Nous sommes passés là ou nous devions passer, sous les chutes de séracs, les risques d’avalanches, les pièges des crevasses… Nous avons joué les funambules sur les crêtes jamais parcourues et toujours sous un vent soufflant parfois à 120 km/h. Nous avons toujours été sur le fil de Darwin, ainsi que nous avions baptisé l’expédition ».

Propos recueillis par Patrick FILLEUX © 2011 AFP

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Ils sont arrivés !!!

06 octobre 2011

La cordillère Darwin dans l’extrême Sud du Chili, n’est plus une Terra Incognita: Les six membres du Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) de Chamonix viennent d’en achever la première traversée intégrale.
« Nous sommes dans la plénitude de l’accomplissement. Nous sommes fiers pour la France et ses couleurs », a déclaré le capitaine Lionel Albrieux, chef de l’expédition.
« Nous sommes maintenant dans l’herbe, au bord d’une rivière. Nous écoutons les chants des oiseaux. Cela nous fait drôle après un mois dans cet enfer blanc truffé des pires pièges et obstacles de la montagne ».
Désormais, la cordillère Darwin, découverte en 1832 par l’auteur de la « Théorie de l’évolution des espèces », lors de son tour du monde sur le Beagle, n’est plus un « rectangle blanc » (NDLR: où l’homme n’a jamais posé le pied) sur le planisphère.
Dès demain ils seront rejoint par une équipe qui aura à sa charge de diffuser au plus vite des images de cet exploit.

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encore quelques heures

04 octobre 2011

L’émotion est perceptible dans la voie du chef du GMHM pour cette liaison téléphonique à laquelle nous avons pensé chaque jours depuis que nous préparons ce projet.
L’équipe est maintenant à une poignée d’heures des premiers signes de vie humaine après presque un mois de traversée. La cordillère ne leur aura rien épargné et même les dernières heures se feront sous une pluie glaciale. Peu importe, les multiples obstacles sont derrières et la perspective d’un toit, d’un lieu chauffé et surtout le retour parmi les familles motive ces militaires.
Ils auront mis à profit toute l’expérience et les savoirs faire du GMHM, qui depuis 1976 est devenu une référence en matière de survie dans les milieux les plus extrêmes.

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En passe de relever le défi !

01 octobre 2011

Les six hommes du GMHM en passe de relever le défi ! Et de réaliser la première traversée intégrale de la cordillère de Darwin en Amérique du sud.
Une bande montagneuse quasi inexplorée car très inhospitalière et menacée en permanence par les tempêtes qui sévissent dans cette zone très accidentée des 50èmes hurlants, au nord-ouest du cap Horn.
Après 20 jours d’exploration et de progression, les 6 hommes du GMHM ont parcouru 75 kms, soit plus de moitié de la traversée de cette cordillère. Mais aujourd’hui ils se trouvent au point névralgique de leur expédition, le Mont Darwin.
Une montagne qu’ils avaient le choix de contourner ou de gravir, le choix entre s’exposer aux chutes de pierres et de glace, et l’engagement sur une arête de 5 kms avec leur lourde pulka à traîner… Ils ont choisi et sont actuellement en pleine ascension avec leur commandant Lionel Albrieux.
Si ce franchissement du Mont Darwin se déroule bien, il restera alors 45 kms à parcourir au GMHM avant de toucher au but dans environ une semaine près d’Ushuaia.

Le journal de la montagne de Marie Ameline

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Au pied du Mont Darwin

28 septembre 2011

Après 22 jours ils ont parcouru 80 kilomètres en ski et avec leur pulka chargée de matériel sur les 150 kilomètres. L’expédition est maintenant au pied du Mont Darwin, le point haut de leur traversée, la grosse difficulté.
Après concertation lundi sur un secteur exposé par le Sud, ils ont décidé de passer par le Nord et le sommet qui culmine à 2 488 mètres. La tentative se fera cette semaine. L’ascension sera engagée, mais la grande difficulté reste la météo extrêmement difficile : neige, vent de furie, pluie et brouillard.
Si ils franchissent cette semaine ce Mont Darwin, ils seront en capacité de réussir la première traversée intégrale de la Cordillère de Darwin.

Information sur Radio Mont-Blanc

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En direct avec le capitaine Lionel Albrieux

26 septembre 2011

Vendredi 23 septembre France Alpes a pu rentrer en contact, via le téléphone satellite, avec le capitaine Lionel Albrieux, chef de l’expédition.
diffusé le lundi 26 septembre sur France3 Alpes
12/13 France3 Alpes

Depuis l’expédition a continué son avancée et se trouve actuellement un pied du Mont Darwin (voir la carte ci-dessous). Au vu du terrain les membres de l’expédition sont en train de définir précisément qu’elle va être leur stratégie future pour parvenir dans la mesure du possible à boucler leur aventure.

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Le point après 15 jours

23 septembre 2011

Largués par bateau il y a maintenant 17 jours au pied Ouest de la Cordillère de Darwin, qui est à l’alpinisme ce que le franchissement du Cap Horn par un jour de tempête est à la navigation, les six membres de l’Expé sont maintenant au coeur de celle-ci.
Joint par téléphone satellite, le 21/09, le lieutenant Didier JOURDAIN nous en dit plus sur leur progression :

« En 15 jours, on a parcouru une trentaine de kilomètres de glaciers, champs de neige, crêtes et sommets inconnus, soit un cinquième* de notre parcours …
La réalité dépasse de loin ce à quoi nous nous attendions. Ici, ce sont les quatre saisons en une seule journée. Nous n’avons eu qu’un jour et demi de soleil en deux semaines. Les conditions sont au-delà de l’extrême …
Le menu permanent, c’est neige, vent de furie, pluie et brouillard. Tous les pièges imaginables de la montagne sont concentrés ici : chutes de séracs, menaces d’avalanches, profondes crevasses masquées par le manteau neigeux. On avance, on recule, on cherche d’improbables passages devant et entre des obstacles infranchissables..
Le 3e jour, devant une barrière quasi insurmontable, +l’expé+ a failli s’arrêter, mais on a trouvé au dernier moment une rampe de passage dissimulée dans le coton. C’est l’incertitude en permanence, la découverte pas à pas de l’inconnu. Ca sera ainsi jusqu’au bout ».

* depuis cette transmission l’Expé a trouvé un terrain de progression plus favorable et elle est parvenue à couvrir une vingtaine de kilomètre en deux jours (voir la carte ci-dessous).

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« En direct avec Didier Jourdain »

diffusé le lundi 12 septembre sur France Bleu Pays de Savoie

Didier Jourdain répond en direct aux questions de Marie AMELINE, journaliste sur France Bleu Pays de Savoie :
MA « Didier Jourdain, pour commencer racontez nous un petit peu le panorama qui s’offre à vos yeux. Dans quel environnement vous trouvez-vous ? »
DJ « nous sommes sur un glacier à 844 mètres d’altitude, en bas ce sont des vallées avec des fjords et autour des montagnes assez effilées, comme le Mont Sarmiento juste derrière nous qui est une montagne magnifique.
Elles sont blanches, immaculées avec des champignons de neige un petit peu partout, on sent que les tempêtes laissent leurs traces sur ces montagnes. Nous sommes cloués dans les tentes par le vent, je ne sais pas si vous entendez le vent qui fait claquer la tente. Je pense qu’on a entre 50 et 60 km/h de vent. Et avec de la neige, il y a déjà des congères qui se forment ».


MA« une fois de plus, cela fait partie des missions du groupe militaire de haute montagne, c’est aussi un laboratoire ou vous testez un certain nombre de matériel et d’équipement ? »
DJ « exactement, nous avons fait par exemple un « mixte »* sur beaucoup de choses. Nos pulkas sont éjectables et peuvent nous suivre dans les traversées sans glisser dans la pente. Nous avons des chaussons de chaussures de montagne que nous pouvons mettre dans les chaussures de ski. Des guêtres sont intégrées aux chaussures de ski. Toute notre topographie est faite avec des « I-phone » placés dans des boitiers étanches G.P.S.
Nous essayons d’être à la pointe. Nous en avons de toute façon besoin sur cette expédition ou il y a certains matériels que nous avons mis au point. Notamment les « doudounes » avec Millet, qui sont en synthétiques* parce que l’humidité est présente en permanence. Sur tous les points nous avons essayé de gagner du poids et d’être très technique parce qu’il faut surtout ne rien casser. »
MA « Et la cerise sur le gâteau, Didier Jourdain, ce serait d’être les premiers à réussir cette traversée de la Cordillère de Darwin ? »
DJ « exactement, se serait de pouvoir dire : « ici il y a cette montagne, elle est à cette altitude, on peut passer par là, ici il y a cela…Et d’être les premiers à avoir eu tout cela dans notre champ de vision et d’être resté aussi longtemps dans la zone. Mais aujourd’hui, nous en mesurons toute l’ampleur et nous savons qu’il faudra jouer avec beaucoup de chance pour réussir cette traversée. »

*mixte : la configuration du terrain alterne entre un parcours de type « traversée polaire » ou il est possible de mettre le matériel dans une pulka et de se déplacer avec les skis de randonnée et un parcours de type « alpinisme hivernal » ou il faut remplacer les skis par les crampons et porter où hisser le matériel. Pour une question de poids, il était impossible d’emporter des équipements spécifiques à chaque type de relief. Le matériel à donc été modifié en lui adaptant, dans la mesure du possible, les particularités de l’autre domaine, d’où l’expression « un mixte ».

*Doudoune en synthétique : La plume ne supporte pas l’humidité trop longtemps, de plus il est impossible de faire sécher les vêtements dans de telles conditions météorologiques.

Enregistrement

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« Premier pas sur le fil »

Vendredi 09 septembre

Transportés par bateau jusqu’au fjord Martinez, les six grimpeurs du GMHM ont été déposés sur la cordillère Darwin le mardi 06 à 14h00. « C’était un jour avec un peu de pluie et un peu de neige » , se souvient Guillermo.

Guillermo, notre contact local, était présent sur le bateau avec l’équipe, il vient de rentrer aujourd’hui à Punta Arenas et nous donne des nouvelles par mail. «J’ai été retardé au retour, il y avait beaucoup de vent dans le détroit de Magellan, le capitaine du bateau a préféré attendre, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas pu donner des nouvelles plus tôt ». Vous l’avez compris depuis le début de l’aventure, les conditions météorologiques, et en particulier la force du vent, sont le sésame pour avancer.
Depuis cette dépose, le groupe a quitté la côte, franchi la forêt primaire et transporté le matériel jusqu’au glacier. La neige, encore bien présente en cette fin d’hiver, va permettre l’utilisation des pulkas (traineau) et des skis.
Pour le moment, la stratégie de déplacement est la suivante : deux équipes sont formées. L’une s’occupe du matériel et déplace le bivouac, pendant ce temps, l’autre part en reconnaissance à la recherche du meilleur itinéraire. Elle relève les points GPS pour un déplacement par mauvaise visibilité. La consigne est simple, « dès que le vent faiblit, on se déplace ».
Justement, à propos de déplacement. « Où sont Ils ? »

C’est la question que tout le monde nous pose.
La réponse vient de Didier Jourdain, jeudi 08 « Salut Jean-Yves, tout va bien, nous avons installé notre 2nd bivouac à l’altitude 620 mètres en S 54° 29’ 91’’, W 70° 35’ 44’’, tu peux mettre la carte à jour ».

Cela paraît simple de prime abord. Bien moins quand la carte de la région la plus précise est à l’échelle 1/250 000 et date de 1954. Derrière cette prouesse technologique, il y a un énorme travail de réflexion et de préparation de la part de Didier et de François et toute la compétence et la disponibilité du lieutenant-colonel Giovannini de l’établissement géographique interarmées.
Mais ce sujet sera développé plus tard dans un article consacré au matériel utilisé pour cette traversée.

Pour l’heure le mot de la fin revient à Guillermo : « Todo pasa como previsto, casi demasiado, buenas tardes »

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Nous sommes à Punta Arenas

vendredi 2 septembre 2011

Après avoir été transportés en avion sans encombre de Genève à Puntas Arénas nos « six as des cimes » récupèrent le fret et préparent la suite de leur périple.
Comme pour la plupart des expéditions du GMHM, le voyage commence à l’aéroport de Genève. L’enregistrement des bagages a toujours un gout d’aventure et cette fois ce sont nos six pulkas qui intriguent. Une fois les « formalités administratives terminées », il reste à l’équipe quelques minutes pour dire au revoir à Tony, Seb Moatti et Jean-Yves, les autres membres du groupe venus les accompagner à l’aéroport. L’émotion est forte dans ces circonstances.
Après un court transit par l’aéroport de Madrid l’équipe fait escale pour quelques heures à Santiago du Chili. Santiago du Chili, ou tout simplement Santiago, est la capitale et le principal centre urbain du Chili. La ville se trouve approximativement à mi-chemin des 4300 km de longueur que fait le pays. L’agglomération compte plus de 7 millions d’habitants, la présence comme guide de l’attaché de défense en poste à Santiago est fortement appréciée.

Puis c’est de nouveau par avion que le Groupe rejoint Punta Arénas.
Punta Arénas est une ville portuaire dans le détroit de Magellan. En espagnol, Punta signifie « pointe » et Arénas « sables ». Avant l’ouverture du canal de Panama en 1914, ce fut le principal port pour la navigation entre les océans Atlantique et Pacifique car les navires y étaient préparés pour le difficile passage du cap Horn.

Sur place le GMHM retrouve Guillermo Cratchley chargé de récupérer le fret et d’organiser la logistique sur place.
« Nous avons retrouvé Guillermo, le fret est au complet, nous effectuons les derniers achats de nourriture et de gaz et nous pourrons préparer les pulkas » raconte par téléphone le Cne Lionel Albrieux hier soir (jeudi 20h30 à Chamonix, 15h30 à Punta Arénas)
Et la suite du programme ? demande le Cne Jean-Yves Igonenc, responsable de la base arrière à Chamonix.
« Le bateau pour effectuer la traversée est disponible dès vendredi 02, nous attendons les dernières prévisions météo de Yann Giezendanner pour décider de notre date de départ. Nous devons également rencontrer le capitaine de corvette Ivan Stenger de la Marine chilienne pour mettre en place un plan de récupération en cas de besoin. Demain nous testerons les moyens de transmissions par satellite, en attendant passez le bonjour à tous ceux qui nous suivent. »

C’est chose faite mon capitaine. Bon vent. (Pas trop quand même)

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Galerie photo