Quand êtes vous rentré au GMHM ? Pendant combien de temps y êtes vous resté ?
Je suis arrivé au GMHM en 1996 au mois de juin, j’y suis resté 7 ans, quelques mois comme adjoint et un peu plus de 6 ans comme chef du Groupe.
Vous avez pris le commandement du Groupe dans des conditions difficiles (décés d’Alain Estève), comment cela s’est-il fait ?
Évidement, le contexte n’était pas facile comme chacun peut l’imaginer; d’autant plus que je suis arrivé au groupe après avoir quitté le milieu de la montagne pendant 3 mutations successives. Ma pratique trop limitée durant toutes ces années, avant 96, ne me permettait pas d’être totalement serein dans la mesure où je ne concevais pas ce poste sans une très forte implication de ma part dans l’action. On ne remplaçait pas le Commandant ESTEVE comme ça…
Mais cela s’est fait avec une énorme envie et motivation, grâce à l’aide et à la confiance des grimpeurs et un projet (celui des trois pôles) auquel tous se sont attelés.
Quel est votre parcours avant le GMHM ?
– 1983 École Militaire de Haute Montagne promotion Élève Volontaire Sous-Officier SEM 45.
– 4 ans au 27e Bataillon de Chasseur Alpin chef de groupe en compagnie de combat puis en Section de Renseignement.
– 3 ans en école d’officier.
– 2 ans chef de section au 46° Régiment d’Infanterie à Berlin.
– 2 ans instructeur commando aux Rousses Centre d’Entrainement Commando 23.
Vous êtes aujourd’hui Officier Montagne à la 27ème Brigade d’Infanterie de Montagne, pouvez vous expliquer un peu ce en quoi consiste votre poste ?
Le terme officier montagne dans « la » brigade de montagne est assez large, les prérogatives attachées au poste le sont aussi.
Le plus simple et synthétique est de décliner ces prérogatives les plus importantes en trois domaines : la formation, la préparation opérationnelle, la spécificité montagne.
– Formation :
Mise en formation et suivi des cadres de la 27e BIM(Brigade d’Infanterie de Montagne) dans le domaine montagne. de la compétence de ces cadres dépend en grande partie la capacité de nos troupes à évoluer dans cet environnement difficile et dangereux.
Suivre et faire évoluer, avec les bureaux montagne de la brigade, la Politique de formation montagne des Engagé Volontaire de l’Armée de Terre des corps de la 27° BIM.
– Préparation opérationnelle :
Faire en sorte que la formation et les activités montagne des corps s’intègrent complètement avec la préparation opérationnelle des corps et participent à améliorer les capacités opérationnelles dans tous les domaines, toutes les missions tous les terrains.
Ces capacités reposent sur des actions qui sont à mener aussi bien dans le domaine des savoir faire, des procédures, des équipements, des règlements…..
– La spécificité montagne :
La défendre en faisant évoluer les concepts et en la mettant au service des engagements actuels de l’armée de terre.
La faire connaître, sur un plan européen et international, par des coopérations, des échanges, des exercices.
La partager par des transferts de savoir faire.
Existe-t-il des points communs entre vos responsabilités actuelles et celles que vous aviez au Groupe ?
Certes pas dans la vie courante : le milieu est le même à un degré d’engagement moindre.
Le point que je mettrais en avant est celui de la relation avec les personnes en charge de responsabilité « montagne »: je m’efforce de les mettre dans les meilleurs conditions possibles pour réaliser leur travail (c’est difficile), comme je le faisais lorsque les grimpeurs se préparaient avant une expé.
A quelle expédition du Groupe avez-vous participé ?
– Antarctique 1997 Alpinisme et préparation du pôle sud.
– Pôle Sud 1998/99
– Annapurna 2000
– Kerguelen 2001
Pouvez vous nous parler d’une expédition en particulier ?
Franchement, en quelques lignes, je ne peux pas choisir car les expés que j’ai préparé et vécu sont toutes uniques dans des domaines différents: jamais d’impression de réchauffé. Comment choisir quand chaque expé est une découverte à la fois dans la préparation et le déroulement, et une musette pleine d’expérience et d’enseignement sur la vie, les hommes et moi-même?
Néanmoins quelques mots pour celles où j’étais physiquement présent :
– Antarctique 97 c’est la mort de Jean-Marc, la préparation des expés polaires, des expés tellement exigeantes: apprendre à prévoir le pire tout le temps.
– Pôle sud, une préparation dans tous les domaines; excitante et super intéressante; une réussite qui peut être remise en cause tous les jours; une extraordinaire aventure; les expés polaires mode d’emploi.
– Annapurna 2000, sur les traces de l’expé de 1950; le Népal: un pays, des gens, des montagnes merveilleuses; savoir renoncer; une expé himalayenne mode d’emploi.
– Kerguelen, un environnement tellement extraordinaire et envoûtant; des histoires fantastiques; la rencontre de 2 imaginaires : la mer et la montagne.
Comment caractériseriez vous le GMHM ?
– Comme la montagne : Le pire et le meilleur
– Comme la passion au masculin : dévorant
J’y ai côtoyé des hommes extraordinaires.
Comment expliqueriez vous à quelqu’un d’extérieur au Groupe le fonctionnement interne de l’équipe au moment où vous y étiez ?
Je ne le définirais pas: le fonctionnement d’une unité comme le Groupe dans l’esprit et les hommes ne varie pas profondément d’un chef à l’autre: c’était le même avant moi et c’est le même maintenant. Je vous laisse donc le soin de le définir.
En tant que chef du Groupe, quelle était votre idée du GMHM et dans quelle direction avez-vous voulu travailler ?
Promouvoir le collectif dans des entreprises individualistes.
Quel est, à votre sens, la place du Groupe aujourd’hui dans les armées ?
Je crois en la définition usuelle du groupe (aventure humaine…).
Avec le recul que vous avez aujourd’hui, quel est le moment de votre passage au Groupe dont vous vous souvenez le plus volontiers ?
Heureusement je n’ai pas de meilleurs souvenir j’ai plein de meilleurs souvenir.
Vous souvenez vous d’une anecdote ou d’une scène insolite de cette période ?
Tellement, et avec des gens si enrichissants, comment en mettre une en avant ?